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LAIBACH - Laibach (1985)
Par JOVIAL le 9 Juillet 2011          Consultée 4477 fois

L’histoire de LAIBACH débute très exactement le 1er juin 1980 à Trbovlje, petite ville industrielle et minière des montagnes slovènes. Le maréchal Tito est mort quelques semaines auparavant. Le groupe, alors mené par le chanteur Tomaz Hostnik, annonce une première représentation en septembre, à l'occasion d'une rencontre artistique intitulée Rdeci Revirgi ('banlieues rouges'). Les affiches, très sobres, ne comportent qu'une grande croix noire, empruntée au peintre russe Kazimir Malevitch et surmontée d'un 'Laibach' en lettres capitales. Mais très vite, les choses s'emballent. Après une pluie de critiques, les autorités locales décident purement et simplement d'annuler le concert. Trois ans plus tard, LAIBACH est interdit en Yougoslavie et se voit contraint de tourner à l'étranger. Mais les régimes communistes polonais et tchécoslovaque lui refusent également l'entrée. Les membres du groupe sont alors perçus comme de dangereux agitateurs néo-nazis. 'Laibach' n'est-il d'ailleurs pas l'ancien nom allemand de Ljubjana ? Et Malevitch n'était-il pas anti-soviétique ? De même, le quintet entame souvent ses performances par un morceau des plus évocateurs, "Cari Amici", chanté en italien. Chers amis soldats, le temps de la paix est fini !. De quoi rappeler la douloureuse époque de l'occupation de 1943, quand les soldats du Duce défilaient en ordre dans la capitale. Et que dire encore de "Panomara" où LAIBACH affirme avoir choisi sa propre voie ? Outre-Atlantique, accusés au contraire d'être un groupuscule stalinien, les Slovènes sont également bannis des États-Unis.

Bien que plusieurs cassettes, notamment des live, aient pu circuler sous le manteau avant 1985, Laibach est souvent considéré comme le premier véritable album de LAIBACH. Entre temps, Tomaz Hostnik s'est suicidé et le groupe passe d'un quintet à un quatuor, autour d'un nouveau chanteur, Milan Fras. Un collectif a en outre été créé, le Neue Slowenische Kunst (NSK – 'Nouvel Art Slovène'), regroupant musiciens, peintres, graphistes, comédiens et philosophes, dont les œuvres empruntent autant au futurisme italien et au réalisme socialiste qu'à la propagande nazie et soviétique. Le NSK souhaite ainsi secouer, en utilisant les mêmes armes et les mêmes procédés, le joug des régimes totalitaires.

Laibach est donc avant tout un manifeste, une attaque contre la dictature yougoslave, dont témoigne ce titre caricatural "Mi Kujemo Bodočnost" (Nous bâtissons l'avenir), directement inspiré d'un slogan du parti communiste. De même, "Panorama", évoqué plus haut, reprend mot pour mot un discours écrit en 1948 de la main de Tito lui-même, quand la froide litanie de "Država" nous affirme que tout va bien, l'État s'occupe de tout. Le message se fait parfois volontairement plus obscur, comme avec "Brat Moj" : éloge de la fraternité révolutionnaire ou incitation à la révolte ?
Outre les textes, la musique est aussi là pour nous dresser le tableau d'une société insensée. Sur "Sila", les ouvriers attachés à la chaîne de montage hurlent sous le fouet des contremaîtres. Leur sort est-il plus enviable que celui des soldats de l'Armée populaire, massacrés à l'aube glaçante de "Sredi Bojev" ? Glorieuses batailles, en vérité !

LAIBACH a pris au mot la notion Industrial Music inventée par THROBBING GRISTLE. En effet, tout ici ou presque tend à nous rappeler l’usine et ses bruits de tôles, ses sonneries d’alarmes et ses machineries implacables. Les ambiances sont malsaines, étouffantes, malodorantes. Insensible et froid, Milan Fras déclame ses inepties tel un robot sans âme. À l'instar de TEST DEPT, mais en plus minimaliste, le quatuor slovène privilégie aussi le rythme. Une pulsation toujours régulière, lourde et aliénante.

Inutile de vous dire que l'écoute peut se révéler assez éprouvante. Laibach contient cependant d'excellents moments d'indus pur, en particulier "Država", "Sila", "Panorama" et "Dekret". Pour le reste, ce n'est pas forcément moins intéressant, quoique pouvant parfois traîner en longueur ("Brat Moj", "Sredi Bojev"). Une première étape dans la riche discographie de LAIBACH et un bon disque, toutefois déconseillé aux novices du groupe.

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- Milan Fras (chant)
- Dejan Knez (batterie, claviers)
- Ervin Markošek (batterie, claviers)
- Ivan Novak (conception, paroles)


1. Cari Amici
2. Sila
3. Sredi Bojev
4. Država
5. Dekret
6. Mi Kujemo Bodočnost
7. Brat Moj
8. Panorama



             



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