À partir de juin 1983, LAIBACH est formellement interdit en Slovénie. Aucune apparition publique n'est plus autorisée depuis la diffusion d'une émission de télévision consacrée au groupe, durant laquelle les membres se sont contentés, imperturbables et froids, de réciter leur manifeste devant les caméras. Catalogués néo-nazis, ils resteront bannis des salles de concerts slovènes jusqu'en 1987. Voilà pourquoi l'ensemble des albums live sortis durant ces années-là a été enregistré à l'étranger durant l'Occupied Europe Tour, en particulier aux Pays-Bas (le mythique Through The Occupied Netherlands) et en Allemagne (Vstajenje V Berlinu et Neu Konservatiw). Étonnamment, un seul a bénéficié d'une réédition par la suite, Neu Konservatiw, ressorti en 2003 chez les Anglais de Cold Spring.

Malheureusement, ce live est loin d'être le plus intéressant de tous. La qualité du son reste relativement médiocre, même après remastérisation. Il faut aussi bien comprendre qu'un concert de LAIBACH, surtout à cette époque, reposait en grande partie sur les effets visuels et les jeux de lumière. Un spectacle total où la musique passe parfois au second plan. Avec Neu Konservatiw, le chant, les collages et les effets électroniques s'effacent au profit d'une rythmique lourde qui vient dominer tout le reste. Ce matraquage en règle en vérité ennuie plus souvent qu'il n'impressionne.

Côté setlist, pas d'inédits, si ce n'est une version longue de "Ti, Ki Izzivaš", intitulée ici "Du Der Hu Herausforderst". LAIBACH joue ses classiques, de l'indus brutal de "Die Liebe" et de "Država" (rebaptisé "Der Staat") aux longues ambiances stressantes de "Vade Retro Satanas". Dans la même veine, "Nova Akropola" reste le meilleur moment du live : Milan Fras est absolument effrayant derrière le micro et la tension ne fait que croître durant toute la durée du morceau. En revanche, "Vier Personen", pourtant excellente sur l'album Nova Akropola, voit ses arrangements noyés par la batterie et ne présente guère d'intérêt.

Pendant longtemps, Neu Konservatiw fut l'un des seuls lives disponibles au sujet des premières années du groupe, vide finalement comblé plus tard par la publication des monstrueux Ljubljana-Zagreb-Beograd en 1993 et M.B. December 21, 1984 en 1997 ou, plus récemment, de Bremenmarsch en 2020. De quoi reléguer celui-ci à l'arrière-plan, plutôt réservé aux fanatiques du quatuor slovène.