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LAIBACH - Macbeth (1990)
Par JOVIAL le 2 Août 2012          Consultée 3407 fois

AVERTISSEMENT : cette chronique de bande originale de film est également susceptible de contenir des révélations sur le film

Moins d'un an après la sortie de Krst Pod Triglavom, LAIBACH est à Hambourg pour travailler sur la bande-son d'une nouvelle adaptation de Macbeth. C'est le metteur en scène allemand Wilfried Minks qui convie le groupe au Deutsches Schauspielhaus début 1987, souhaitant revisiter l'œuvre originale de Shakespeare et en proposer une approche résolument novatrice. La pièce est jouée plusieurs fois jusqu'en 1988, mais il faut encore attendre l'année suivante pour voir nos Slovènes daigner entrer en studio à Ljubljana et graver sur sillon la bande originale, qui sort finalement en 1990 en Mute Records.

Macbeth est un album assez frustrant. Frustrant parce que tout d'abord trop court, avec sa petite demi-heure qui ne rassasie personne et laisse un peu sur sa faim. D'autant plus après s'être rendu compte que LAIBACH réutilise parfois d'anciens morceaux, à l'instar de "Nova Akropola" et de "Jezero", que l'on retrouve ici sur "Agnus Dei" et "Ohne Geld". Par ailleurs, la première partie du disque rappelle Krst Pod Triglavom, sans pour autant atteindre le même degré d'intensité ni de cohérence. On retient surtout l'électrisante "Wutach Schultch", où se rejoignent guitares tranchantes et intermèdes plus inquiétantes, soulignant parfaitement la folie naissante de Lady Macbeth ou rappelant au contraire les prédictions des trois sorcières - les pleurs d’enfants pour la descendance promise à Banquo par exemple.

Fort heureusement, la seconde partie se révèle autrement plus intéressante, sombre et dramatique, parfois même d'une beauté à laquelle LAIBACH ne nous avait jusqu'alors que peu habitué. Après les cordes et les voix féminines de "U.S.A.", c'est une belle montée en puissance qui s'annonce avec "10.5.1941" (1) et "Expectans Expectavos", tragiques, même émouvantes. Lady Macbeth perd la raison, obsédée par le sang qui macule ses mains meurtrières. "Coincidentia Oppositorum", plus guerrière, entame la longue marche vers l'horrible bataille et la mort de Macbeth qui interviennent quelques minutes plus tard dans un festival d'éclairs, de hurlements et de cuivres imposants. L'usurpateur agonise et s'éteint à mesure que la musique se dénude, pour ne plus ressembler dans ses derniers instants qu'aux simple râles électriques des claviers. Le groupe slovène signe ici un de ses plus beaux arrangements, nouvelle déclaration d'amour à la musique classique.

Bien qu'il n'ait en vérité plus grand-chose à voir avec Opus Dei et de Let it Be, Macbeth est le dernier album un tant soit peu indus de LAIBACH avant longtemps. Les deux suivants, Kapital et Nato, seront nettement plus orientés musique électronique. Rien que pour cela, il mérite une écoute attentive, malgré un premier quart d'heure, il est vrai, plutôt moyen.

(1) Référence au vol du Rudolf Hess vers l'Angleterre le 10 mai 1941. On peut d'ailleurs entendre un moteur d'avion au début du morceau.

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- Wilfried Minks (metteur en scène)
- Laibach (musique)


1. Preludium
2. Agnus Dei (acropolis)
3. Wutach Schlucht
4. Die Zeit
5. Ohne Geld
6. U.s.a.
7. 10.5.1941
8. Expectans Expectavos
9. Coincidentia Oppositorum
10. Wolf
11. Agnus Dei (exil Und Tod)



             



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