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LAIBACH - Krst Pod Triglavom - Baptism (1987)
Par JOVIAL le 10 Janvier 2012          Consultée 5167 fois

AVERTISSEMENT : cette chronique de bande originale de film est également susceptible de contenir des révélations sur le film

Si LAIBACH est banni des salles de concerts en Slovénie jusqu'en 1987, ce n'est pas le cas des autres membres de son collectif d'artistes, le Neue Slowenische Kunst. Un léger oubli de la part des autorités locales qui va permettre au groupe de contourner l'interdiction en produisant la bande-originale de la pièce de théâtre Krst Pod Triglavom, en français 'Baptême sous le Triglav', dont la première a lieu à Ljubljana le 6 février 1986, fruit d'une collaboration avec la troupe Scipion Nasice, autre composante du NSK. Jouée pendant plusieurs mois, la pièce est un immense succès en Slovénie et plus de vingt-cinq mille personnes y auraient assisté, contribuant grandement au développement d'une conscience nationale slovène à l'époque.

Sans aucun dialogue, Krst Pod Triglavom met en scène l'histoire de la Slovénie et en particulier les affrontements entre païens slaves et catholiques allemands à l'époque médiévale. Certains morceaux semblent par ailleurs basés sur l'épopée Krst pri Savici du poète France Prešeren, décrivant la rivalité sanglante entre le duc Valjhun, favorable aux chrétiens, et le guerrier Črtomir, défenseur farouche des anciennes croyances. Le titre lui-même renvoie à la conversion des Slovènes au christianisme, mais aussi à la naissance d'une identité slovène spécifique. Le Triglav, point culminant du pays, est l'un des symboles nationaux les plus importants du pays et apparaît d'ailleurs sur son drapeau. Plusieurs autres parallèles peuvent également être tracés avec l'époque contemporaine, de l'invasion allemande de 1941 à l'instauration des démocraties populaires dans l'Europe d'après-guerre. Mais LAIBACH semble également vouloir faire référence à sa propre histoire. La troisième partie du disque, intitulée "1961 – 1982", correspond ainsi aux dates de naissance et de mort de son premier chanteur, Tomaž Hostnik, quand la quatrième, "1983 – 1987", est un clin d'œil à ses années de dissidence en Yougoslavie.

Krst Pod Triglavom – Baptism est sans doute l'album le plus ambitieux que le groupe slovène ait jamais composé. Opéra expérimental, où se côtoient rythmique implacable et éléments symphoniques, il opère une ouverture plus franche vers la musique classique. LAIBACH fait usage de boucles tirées du De Temporum Fine Comœdia de Carl ORFF ("Valjhun / Waldung", "Delak", "Apologija Laibach") ou encore de collages de Richard WAGNER, Sergueï PROKOFIEV, Johann STRAUSS II et Dmitri CHOSTAKOVITCH. En introduction, "Jezero / Der See" associe la Dante-Symphonie de Franz LISZT au chant des partisans slovènes "Počiva Jezero v Tihoti". La pochette elle-même nous mettait la puce à l'oreille, l'étiquette supérieure imitant ici le fameux rectangle jaune des disques Deutsche Grammophon. Seule l'outro de "Krst / Die Taufe / Germania" s'autorise en définitive un écart plus synthétique. À la limite du kitsch, mais néanmoins troublant, ce morceau est aussi l'occasion de découvrir la belle voix de la chanteuse Anja Rupel, qui reprend ici le texte de "Die Liebe" sur Nova Akropola.

Si quelques pistes, volontairement naïves et romantiques, censées représenter l'innocence du peuple slovène, viennent aérer l'ensemble ("Jägerspiel", "Wienerblut", "Germania"), Krst Pod Triglavom est surtout une succession d'ambiances guerrières saisissantes et d'hymnes imposants aux allures wagnériennes. Rythmes martiaux, boucles de voix répétitives et trompettes apocalyptiques incarnent ainsi l'envahisseur germanique du IXème siècle. Mais, à travers ces bruits de bottes et ces ordres gueulés en allemand, c'est aussi à l'imaginaire collectif de l'Allemagne nazie que LAIBACH fait appel. L'un des sommets de l'œuvre reste cependant "Apologija Laibach", chantée en slovène par Milan Fras lui-même, combinant alors discours solennel et déclamation tragique. Un morceau minimaliste, très sombre, glaçant même, avec ses lointains sons de cloche et ses impacts métalliques.

Pierre angulaire dans la discographie du groupe slovène, Krst Pod Triglavom – Baptism reste pourtant relativement peu connu, éclipsé sans doute par la sortie d'Opus Dei la même année. C'est bien dommage, car LAIBACH produit là un chef-d'œuvre de la musique industrielle, toujours redoutable aujourd'hui, malgré une approche parfois déconcertante. Attention enfin aux différentes versions existantes (LP, CD ou via Internet), qui ont la fâcheuse tendance à ne pas systématiquement proposer la même tracklist. En outre, il faudra composer avec la relative rareté du disque qui n'a toujours pas été réédité à l'heure actuelle.

Du grand art : 5/5

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- Milan Fras (chant)
- Ivan Novak (conception, paroles)
- Dejan Knez (batterie, claviers)
- Ervin Markošek (batterie, claviers)


1. Jezero / Der See
2. Valjhun / Waldung
3. Delak
4. Koza / Die Haut
5. Jagerspiel
6. Bogomila - Verfuhrung
7. Wienerblut
8. Crtomir, Jelengar
9. Apologija Laibach /laibach - Apologie
10. Krst / Die Taufe, Germania
11. Rdeci Pilot / Der Rote Pilot



             



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