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VARIÉTÉ FRANÇAISE  |  STUDIO

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- Style : David Christie

Claude FRANÇOIS - Magnolias For Ever - Disco (1977)
Par MARCO STIVELL le 23 Décembre 2023          Consultée 961 fois

Et voilà, nous y sommes. Le dernier. Qui l'aurait cru, face à un tel succès ?

Se renouveler a du bon, il paraît. En tout cas c'est ce que décide Claude FRANÇOIS au beau milieu de l'année 1977, quand il se lance à fond (du moins, c'est ce que certains mettent en exergue) dans le courant disco. Son album final, au départ intitulé Magnolias for Ever, paraît en décembre, moins de quatre mois avant la tragédie de celui qui a réchappé tant de fois aux attaques, accidents de la route ou sur scène, et rencontre un succès parmi les plus forts de sa carrière. Bien que déjà auréolé, en tant qu'idole, de nombreux tubes dans un style pop-variété, le chanteur et sa nouvelle image semblent balayer tout ou presque ce qui a précédé ; du moins peut-être est-ce un ressenti ultérieur, compte tenu de ce que l'on 'garde' en priorité de lui, pas seulement dans les soirées ou boîtes de nuit.
Cloclo, en tant que chanteur et danseur, entouré de ses Clodettes désormais en groupe métissé, semble à son apogée et plein de promesses d'avenir. S'il n'avait pas été aussi maniaque et nerveux, se disant qu'une applique de lampe murale grésillante pouvait attendre au moins qu'il sorte complètement du bain et au sec, si sa compagne Kathalyn Jones était présente dès le départ pour l'en arracher, jusqu'où aurait-il encore pu aller ? Meneur de funk néo-romantique dans les années 80 ? Interprète-vétéran leader de l'Eurodance comme CHER durant les années 90 ? Ce que l'on sait, à travers ce dernier album, c'est que tout ce que l'on peut trouver à redire de lui, au niveau bougeotte, tempérament sulfureux et autres clichés, se trouve cristallisé dans cet effort discographique ultime.

Et c'est en bien. Foi de détracteur de longue date, cet album, Magnolias for Ever a quelque chose de puissant, de communiquant, à moins que ce ne soit aussi son 'rôle' dans cette histoire, la portée de sa chanson-titre qui revêt un ton d'on-ne-sait-quoi plus désespéré, le fait que suite au décès de Cloclo le 11 mars 1978, ce sacré hasard veut que le single "Alexandrie Alexandra" sorte le jour de l'enterrement, jour de recueil national, à savoir le 15... Ou alors, simplement parce que tout comme pour un des deux albums de 1975, la couleur bleue colle à la peau du chanteur en lui seyant et injectant une bonne énergie, contrairement au cuivre. Et pourtant, du cuivre, il n'en manque pas sur cette oeuvre disco. Disco, oui, comme ce petit écusson l'indique au recto de la pochette, mais qui ne correspond pas à l'entièreté de ce qui est proposé ; une bonne moitié oui, aussi préférons donc le titre originel.

Il serait dommage de passer à côté de cette superbe ballade vantée comme prise en live (incursions du public au début et à la fin), que demeure "Et Je T'aime Tellement", empreinte de nostalgie à la Cloclo sur celle qui l'a entretemps oublié, adaptée par lui-même du "And I Love You So" de Don McLEAN, onirique grâce à ces nappes de synthés, à la basse chaude et au piano Rhodes réverbéré, aux arpèges de guitare avec trémolo et delay. Un peu plus loin, toujours en douceur, on a le tandem qui ferme la première face du vinyle, "L'Amour Vient, l'Amour Va", emprunté à Michael BACON (frère de Kevin, l'excellent acteur américain au visage fermé) et "Sacrée Chanson", nouvelle version de "Telephone Line" des célèbres Anglais de l'ELECTRIC LIGHT ORCHESTRA. Les deux titres, adaptations d'Eddy Marnay, ancien pourvoyeur de tubes, et arrangés par le maestro Jean-Claude Petit, semblent ne faire qu'un, malgré leurs formulations différentes : la première dépeint un amour d'une nuit tout en ambiance country de bar vide enfumé et classicisme bienvenu (jolie harpe rythmique), la seconde sonne plus blues et revient plus durement sur celle qui n'aurait pensé qu'à elle. Elle, certes, mais il y a aussi elles, ces Fléchettes aux choeurs, toujours aussi agréables, savoureuses.

La féminité s'exprime de plus belle à travers "Ève", paroles de Pierre Delanoë et musique signée Jean-Pierre Bourtayre/Cloclo qui compte parmi les titres disco, en hommage à la première d'entre toutes, presque dix ans avec que Julie PIETRI ne le fasse. Ce refrain ronflant en compagnie des Fléchettes, ces cavalcades d'instruments ont beau sonner d'époque, c'est du plus bel effet. "Pourquoi Toi", un peu plus lent et parcouru de cuivres comme de cordes superbes, comporte encore la patte d'Eddy Marnay, mais on sent que pour lui comme pour Jean-Claude Petit, il y a du changement dans l'équipe si solide avant cet album.

Aux côtés de "Ecoute Ma Chanson" qui est l'adaptation française de "So Near and Yet So Far", inédit qui ouvrait l'album en anglais de Claude FRANÇOIS paru quelques mois plus tôt, on trouve "Disco Météo" écrit par Jean Schmitt (un des 'messieurs de SHEILA', elle aussi peu vêtue et très remuante en cette période, pour rappel). L'ensemble se ferme ainsi de façon très légère, le chanteur multipliant les parallèles amour-climat, changeant de conquête comme de journée. Sur ce titre frivole et 'chaud', bien tourné au demeurant, on note les guitares très en avant et le pont grotesque ou les Fléchettes auraient été plus appréciables que les choeurs masculins. Pour "Rubis", emprunt à Bob MARLEY & The WAILERS ("Guava Jelly", preuve supplémentaire que tout n'est pas disco ici), les belles choristes sont au contraire très marquées pour une déclaration enflammée convaincante sur des accords solaires. Et ça, c'est signé Étienne Roda-Gil, parolier célèbre auprès de tant d'artistes, notamment pour Julien CLERC.

On en vient donc à ses deux offrandes pour Claude FRANÇOIS, juste à temps il faut le dire. Difficile de dire lequel est le plus emblématique entre les deux. "Alexandrie Alexandra" garde l'avantage d'être le premier (et dernier) titre, depuis un "Nabout Twist" sans succès en tout début de carrière, à mentionner le passé du chanteur en Egypte où il est né et a grandi. "Voiles sur les filles, barques sur le Nil", "je suis dans ta vie, je suis dans tes draps", "j'ai plus d'appétit qu'un barracuda" (bien aidé, celui-là, par les Fléchettes sexy et leur accent anglais de poche d'occasion), "les sirènes du port d'Alexandrie chantent encore la même mélodie" et "la lumière du phare d'Alexandrie fait naufrager les papillons de ma jeunesse", chaque phrase imagée de Roda-Gil, adulte sulfureuse ou non, fait mouche, se marie au caractère disco et demeure dans l'inconscient français comme synonyme de pas enlevés (sans parler de la chorégraphie, des rah ! aaah et autres toudoudou-ouh!), de bonne humeur. L'arrangeur Raymond Donnez, que l'on avait déjà croisé plusieurs fois quelques années avant, donne lui aussi du corps avec un Orient très subtil, percussions en avant, des cuivres rutilants, des cordes tourbillonnants et du synthé sifflant.

Et pourtant, tout aussi mémorable, il y a donc cette ultime déclaration d'amour qui résonne, mieux que jamais, comme des paroles de combat. "Magnolias for Ever", choix superbe de titre anglais pour une chanson en français, ouvre aussi fortement l'album qu'il aurait pu (dû ?) le terminer. Roda-Gil troque les paillettes du disco contre des fleurs, arbustes en fleur, et qui agrémentent à merveille ce qui constitue à l'époque le dancing, dancefloor, bref la piste de danse la plus 'ouverte', la plus décomplexée de l'histoire de la musique. Le tout avec des mots roses aussi clair que foncé, un phrasé haletant... Pas étonnant que tant de gens aiment cette chanson-là aussi, des publics de tous genres et de toute sexualité, quand le message reste hétéro prononcé voire entier (heureusement, cela n'a pas toujours posé problème), et c'est là qu'on comprend le pouvoir de la musique, même réputée la plus kitsch, la plus légère. Cela dit, il y a une sacrée progression dans "Magnolias for Ever" avec rythmique funk, basse fournies, cordes, cuivres dès le deuxième couplet, et puis ce sont les Fléchettes qui ouvrent le bal. Si l'on a peu parlé de la voix de Cloclo, elle trouve une expression plénière et, comme sur "Alexandrie Alexandra", dont on se souvient, en timbre, en vibration jusque dans le final de "Magnolia for Ever" où il hurle littéralement face à un passé perdu, peut-être aussi un avenir qu'il n'a pas eu. Fait significatif, ces deux compositions sont autant de Jean-Pierre Bourtayre que de lui.

Un grand disque, avec beaucoup de résonance. Une pierre angulaire de la musique dansante en France, même si pas que, encore une fois. Un album idéalement équilibré dans ses choix.

CONCLUSION : le marathon Claude FRANÇOIS s'est plutôt bien passé, malgré quelques points de côté. Si l'avis concernant le personnage et ses excès n'ont pas changé, musicalement, il y avait tout de même beaucoup à dire, à défendre, et des tubes eux-mêmes, pas tous mais pour certains, à reconsidérer.

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1. Magnolias For Ever
2. Et Je T'aime Tellement
3. Eve
4. L'amour Vient, L'amour Va
5. Sacrée Chanson
6. Alexandrie Alexandra
7. Rubis
8. Pourquoi Toi
9. Ecoute Ma Chanson
10. Disco Météo



             



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