Recherche avancée       Liste groupes



      
FOLK BRETON  |  STUDIO

Commentaires (1)
L' auteur
Acheter Cet Album
 


 

- Style : Tri Yann, Denez Prigent , Dan Ar Braz , Dom Duff, Glenmor
- Membre : René Werneer

Gilles SERVAT - La Blanche Hermine (1971)
Par GEGERS le 9 Avril 2014          Consultée 3094 fois

Aborder un monument du patrimoine musical breton n'est pas chose aisée. Car c'est bien ce dont il s'agit lorsque l'on parle de "La Blanche Hermine", première réalisation studio de Gilles SERVAT, connue essentiellement pour le morceau du même nom, devenu rien de moins qu'un hymne officieux de la Bretagne ou, tout du moins, une composante essentielle de la matière musicale de cette belle région. Gilles SERVAT, un pic, un roc, inébranlable figure de proue d'une scène qui doit beaucoup à la volonté de l'artiste de proposer un folk engagé, énervé, revendicatif, ouvrant ainsi la porte à tout un tas d'artistes qui se sont engagés dans son sillage. Le pari n'était pourtant pas gagné d'avance pour celui qui, né dans les Pyrénées, n'a véritablement découvert la Bretagne qu'au sortir de l'adolescence, bien qu'issu d'une famille nantaise. Cette distance originelle, voici probablement la clé de cet amour viscéral et cette rage contenue que le chanteur se met à colporter à Paris puis dans le reste de la France dès le début des années 70.

Car "La Blanche Hermine" est un album énervé, pétri d'une énergie revendicative qui, mêlée à un humour ravageur, frappe fort. Les snare-drums, qui viennent introduire "Kaoc'h Ki Gwenn Ha Kaoc'h Ki Du" se font d'ailleurs quasiment militaires, et donnent au morceau des allures de marche. Le chant puissant et théâtral de Gilles SERVAT vient renforcer l'aspect vindicatif de ce morceau consacré à la chute d'Anne de Bretagne, et agrémenté de réflexions identitaires censées, c'est évident, galvaniser le patriotisme breton ("Quand le Breton se révolte, la répression est féroce").

Le côté féroce et belliqueux de Gilles SERVAT, qui de sa voix d'ours mal léchée se fait le porte-parole des Bretons spoliés à l'époque de nombreuses revendications territoriales : les Corses, les Basques, les Alsaciens, nombreux sont les poings levés contre l'hégémonie du pouvoir central, à une époque ou les voix veulent, envers et contre tout, se faire entendre. Folk énergique, "La Blanche Hermine" se fait une ode à la "résistance", à la volonté du peuple de Bretagne de ne pas se laisser faire et de se battre pour conserver son identité. Un hymne entraînant, taillé pour solidariser les foules. Le morceau se verra malheureusement récupéré plus tard par des mouvements nauséabonds d'extrême droite, qui verront dans ce titre une ode au protectionnisme. Erreur, se verra obligé de leur déclamer Gilles SERVAT avec "Touche pas à la Blanche Hermine", en 1998, condamnant fermement l'appropriation du morceau par certains qui, semble-t-il, n'y ont pas compris grand chose.

"La Blanche Hermine", l'album, se voit ainsi fortement marqué par la théatralité belliqueuse de la voix du chanteur ("An alarc'h"). L'indépendantiste "Les Bretons Typiques" vient fustiger le tourisme de masse, reprenant la mélodie du traditionnel "Les chapeaux ronds". "L'institutrice de Quimperlé" se fait une diatribe anticléricale mordante, portée par une mélodie de guitare entraînante et véritablement digne d'intérêt. A l'exception de "Les prolétaires", la face B de l'album se fait néanmoins plus calme, moins véhémente. A la manière d'un Jean Ferrat, Gilles SERVAT se faire conteur/poète sur "Kalondour", titre contemplatif à la beauté pure et simple, bouleversante. De même, "Montparnasse blues", inspiré par les années parisiennes du chanteur, introduit un piano dramatique qui permet au morceau de se poser en référence directe à Jacques Brel. Gilles SERVAT se sert de sa voix comme un conteur, jouant des intonations, des longueurs, pour offrir un morceau d'une intensité poignante.

Cette dualité permet à Gilles SERVAT de séduire sans lasser, de convaincre sans trop en faire. Car le dénominateur commun entre la virulence de "La Blanche Hermine" et la splendeur apaisée de "Kalondour", c'est cet amour profond de la Bretagne, ancré profondément dans l'identité d'un artiste qui livre un premier album déjà mûr et très abouti. Sans doute l'album emblématique du chanteur, et son succès commercial le plus conséquent.

A lire aussi en VARIÉTÉ FRANÇAISE par GEGERS :


Maxime LE FORESTIER
Olympia 2014 (2014)
Plutôt guitare ?




Georges BRASSENS
Le Vent (1953)
Que souffle le vent !

(+ 1 kro-express)

Marquez et partagez





 
   GEGERS

 
  N/A



Non disponible


1. Kaoc'h Ki Gwenn Ha Kaoc'h Ki Du
2. La Blanche Hermine
3. An Alarc'h
4. Les Bretons Typiques
5. L'institutrice De Quimperlé
6. Gwerz Marv Pontkallek
7. Les Prolétaires
8. Kalondour
9. Me Zo Ganet
10. Montparnasse Blues



             



1999 - 2024 © Nightfall.fr V5.0_Slider - Comment Soutenir Nightfall ? - Nous contacter - Webdesign : Inox Prod