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Gilles SERVAT - Je Ne Hurlerai Pas Avec Les Loups (1983)
Par MARCO STIVELL le 2 Juin 2014          Consultée 2913 fois

1983. Les années 70 semblent désormais loin derrière, l'heure est aux synthétiseurs et aux productions froides. Néanmoins, Gilles SERVAT pèse le pour comme le contre et avec l'hybride Je Ne Hurlerai Pas Avec les Loups, offre l'une des oeuvres de chanson franco-bretonne les plus marquantes pour toute cette période.

"Il est des êtres beaux" possède un titre révélateur à ce sujet. Toujours aussi touchant dans sa manière de qualifier l'amour, SERVAT orne ce propos par une musique typiquement variété eighties, une ritournelle ouvrant l'album sous les meilleures auspices. Alain Termolle aux claviers (et qui ne restera que le temps de cet album) pourrait en faire des tonnes et rajouter des effets de Yamaha DX7 à qui mieux mieux, comme beaucoup de ses pairs à l'époque ; il n'en est rien. Il en est de même pour le titre qui suit, plus lent et dense, un hommage sensible et vibrant à Nantes, ce grand "port du cygne noir" écarté de la Bretagne à tort. La teneur picturale ressort au niveau musical autant que textuel.

Loin du rock FM peroxydé de l'époque, "Lagad an Heol" et "Retrouver Groix" sont deux ballades folk au parfum de 12 cordes saupoudré par Bernard Grosmolard. La deuxième est d'ailleurs une autre déclaration à un lieu que SERVAT nous avait dépeint dix ans plus tôt, mais il le fait ici de manière plus prolongée et viscérale, dans le texte comme dans l'interprétation. Sur un tempo valse légère ancienne conduit par le doux saxophone soprano de Jean Chevalier, "Ils descendaient le fleuve Amour" mentionne l'ouverture du commerce entre la Russie et la Chine en 1982, mais SERVAT n'en oublie pas pour autant les malaises politiques et sociaux des deux pays.

On glisse ainsi peu à peu au morceau principal, le fameux "Je ne hurlerai pas avec les loups". SERVAT dresse un bilan désastreux du monde géopolitique des années 80, l'URSS, les Etats-Unis, la France aussi : "A l'ouest les cons d'or, à l'est les cons d'acier, au milieu les pauvres cons, choisis ton con camarade !". Au-delà des invectives contestataires pour le moins fiévreuses et par une forme de cri désespéré, l'artiste insiste sur le fait que rien n'est simple. "Les gentils, les méchants, c'est pour les enfants" et même du côté des idéalistes, il y a cette bête tapie en chacun, et qui, indomptable, impose un combat continuel, comme une hydre. Depuis ses premiers textes où l'artiste pouvait lui-même faire ressortir de nombreux éléments de violence en faveur de la Bretagne, et malgré l'emploi perpétuel du premier degré, on relève cette forme de maturité dans un véritable manifeste psycho-thérapeutique.
Alors que le discours de SERVAT se distingue par une prestation à vif, une voix tour à tour cinglante et brisée, on remarque que les musiciens, et particulièrement Bernard Grosmolard qui a écrit l'ensemble, auront finalement eu droit à leur digression progressive sous forme longue (seize minutes !), de quoi exprimer à loisir toute leur musicalité. Le thème jazz-fusion répété à l'envi épouse la récitation, à moins que ce ne soit l'inverse. Il y a bien quelques ruptures, un début mélancolique qui ne laissait rien voir venir, des passages plus optimistes en mode marche militaire comme pour suggérer une libération... Mais jusqu'à la fin, nous sommes pris dans cette spirale infernale ponctuée par le saxophone déjanté aux intonations free de Nobby Clarke. On ne pouvait alors espérer meilleur contraste avec un "Je vous emporte dans mon coeur" en guise de conclusion, ballade lumineuse et pleine de tendresse...

C'est ce qui fait la force de ce neuvième disque original, d'un part l'aspect contestataire et sauvage qui trouve son paroxysme dans un morceau-fleuve, et de l'autre des chansons loin d'être mineures, poétiques et élégantes qui amorcent une transition car SERVAT ira plutôt vers ce style désormais.

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   MARCO STIVELL

 
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- Gilles Servat (chant)
- Jean-louis Cornilleau (basse)
- Jean Chevalier (batterie, percussions, saxophone soprano)
- Bernard Grosmolard (guitares)
- Alain Termolle (piano, claviers)
- + Nobby Clarke (saxophone, flûte)


1. Il Est Des êtres Beaux
2. Porzh An Alarc'h Du
3. Retrouver Groix
4. Lagad An Heol
5. Ils Descendaient Le Fleuve Amour
6. Je Ne Hurlerai Pas Avec Les Loups
7. Je Vous Emporte Dans Mon Coeur



             



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