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CHANSON FRANCO-BRETONNE  |  STUDIO

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- Style : Tri Yann, Denez Prigent , Dan Ar Braz , Dom Duff, Glenmor
- Membre : René Werneer

Gilles SERVAT - L'hirondelle (1974)
Par MARCO STIVELL le 20 Avril 2014          Consultée 3329 fois

Avec trois albums en trois ans, Gilles SERVAT est un artiste peu décidé à chômer, figurant désormais parmi les chansonniers à la plus forte empreinte non seulement pour son propre pays mais aussi par rapport à la tournure politico-économique nationale et internationale de ces années 1973-1974. L'Hirondelle, premier opus paru chez Kalondour, est ainsi moins centré sur la Bretagne. Bien sûr, il y a ce nouvel hymne placé en début d'album, qui porte en lui le message de désespoir mêlé au rêve d'émancipation du pays sous forme de poésie à dimension épique, tout comme le fait Glenmor. La musique se rapproche de la vague folk traditionnelle des années 70, tambours militaires et synthétiseurs imitant des cromornes.

Alors que la première face durcit progressivement son ton, "La Terre des Morts" révèle des accents de marche funèbre. Plus loin, "Crachat" exprime sous forme de texte parlé l'amertume face à la disparition de la langue bretonne et le mépris affiché par l'impérialisme français. Plus tendre, "Je Dors en Bretagne ce Soir" traduit l'amour du pays par ses atouts naturels et poétiques. De la même manière, on a ce "Traon an Dour" ("Val de L'eau") entièrement chanté a-cappella, et qui nous rappelle, si besoin est, combien Gilles SERVAT est un grand interprète, quelque soit son registre - en l'occurrence la gwerz, ou complainte bretonne.

L'artiste élargit néanmoins son champ de dénonciation. Si la Bretagne est victime, les pays hispaniques le sont aussi, d'une autre façon. Le pays basque et les autres minorités d'Espagne vivent encore des heures sombres, même si ce sont les dernières. Le Chili quant à lui s'enfonce dans le noir et la terreur pour longtemps. "Gwerz Victor C'hara", poème de l'écrivain chilien Miguel Cabezas (témoin direct de la mutilation et de l’exécution barbares de l'artiste Victor Jara) et chanté en breton, est ici d'autant plus percutant qu'il est étiré en longueur une musique répétitive et tourmentée.

Sur fond de salsa et tango où le synthé VCS3 de Daniel Potet imite des sons de cuivres et flûte, "Le Tango des Curés" et "Mille Soldats D'argile" n'en sont pas moins lourds de sens et emprunts de cynisme désabusé. "Désertion" pourrait être vu comme l'apologie optimiste de l'anticonformisme, hélas le soldat ayant choisi son émancipation finit tué par le même fusil qu'il a délaissé. Comme si cela ne suffisait pas, avec "Litanies Pour l'An 2000", SERVAT se projette à travers le nouveau millénaire qu'il ne se figure pas sous le meilleur jour : couvre-feu, tout le monde en possession d'une arme, machine à lire les rêves, tout ce que certains pays connaissent plus ou moins. 1984 selon George Orwell n'est vraiment pas loin... Seule "La Tour Eiffel" révèle une certaine légèreté, l'artiste s'employant à réhumaniser le monument (et ainsi ce qu'il représente), telle une femme avec ses sentiments.

L'Hirondelle possède comme d'habitude son lot de phrases sensationnelles, bien que toujours emplies de tristesse et souvent placées comme refrains. "Je garde en moi le souvenir, en ce mois de mai 2010, de ces années 70 où l'on voyait tout ça venir" ; "Par chance, et aussi par vouloir, je dors en Bretagne ce soir" ; "Mon beau pays, par l'hiver soumis, quand reverrons nous l'hirondelle, noire et blanche...?". Musicalement, on reste dans l'esprit des disques précédents, avec une palette de styles plus élargie. Les arrangements sont de Climat, nom donné au groupe d'alors. Certaines sonorités de synthés pourront facilement paraître datées mais renforcent l'idée que ce troisième disque demeure le plus âpre et déstabilisant de Gilles SERVAT, à écouter en tenant bien compte de cet avertissement... Si son message est marquant, son contenu peine à donner envie d'y revenir souvent.

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   MARCO STIVELL

 
  N/A



- Gilles Servat (chant, guitare)
- Daniel Potet (piano, orgue, claviers, dulcimer)
- Bernard Grosmolard (guitares)
- Alain Monnié (basse)
- Jean-paul Berthaud (batterie, percussions)


1. L'hirondelle
2. Traon An Dour
3. Le Tango Des Curés
4. La Terre Des Morts
5. Mille Soldats D'argile
6. Gwerz Victor C'hara
7. Je Dors En Bretagne Ce Soir
8. La Tour Eiffel
9. Crachat
10. La Pays Basque
11. Litanies Pour L'an 2000
12. Désertion



             



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