Après avoir ébloui son monde avec le très réussi Reise, EMBRYO continue sur sa lancée et s'enfonce un peu plus dans les terres de la musique indienne. Il faut dire que Burchard & cie ont faim de nouvelles découvertes musicales, voire plus, et qu'ils ne comptent pas s'arrêter en si bon chemin. C'est ainsi que le groupe croise la route du Karnataka College of Percussion, une école de musique indienne spécialisée, comme son nom l'indique, dans les percussions. De plus, après le retour d'Edgar Hofmann sur Reise, c'est au tour de Charlie Mariano de retrouver le groupe avec qui il a créé des perles. Tout ce petit monde s'est réuni à l'occasion de concerts, dont sont tirés les enregistrements constituant Life, soit le deuxième album live d'EMBRYO.

Dans son contexte, Life est un album essentiel. Il permet en effet d'ouvrir une petite porte vers ce dont était capable EMBRYO, en poussant jusqu'au bout leur volonté musicale. Encore qu'en vérité, il s'agit plus de musique indienne accompagnée d'instruments occidentaux que de vraie fusion qui se fait entendre ici. Une musique indienne par ailleurs irrésistible. Les percussions du Karnataka College qui forment un tout indivisible et puissant, offrent par conséquent un jeu d'autant plus formidable qu'elles sont réputées difficile à jouer. Une démonstration représentative se trouve sur "Tala Tarangini", où tous les teutons se retirent pour laisser parler leurs nouveaux amis, et eux seuls.

Il est difficile de dire qu'on s'ennuie avec Life – sauf si l'on déteste les musiques orientales bien sûr. Les Indiens, accompagnés par les Allemands (et non l'inverse), montrent comment jouer une musique riche et intense, qui ne manquera pas de faire mouche. A ceci, s'ajoutent les saxophones de Hofmann et Mariano, qui s'intègrent très bien à la musique. Cela s'entend en particulier dans "Moroccan Pirates", avec des souffleurs en phase totale qui apportent un plus indéniable. "Cello Cello" (le seul morceau existant déjà en studio) joue pour sa part sur la longueur, et présente deux motifs principaux entêtants et entraînants.

Le problème de Life, c'est qu'il se mérite. Aussi riches soient les quatre morceaux qui le composent, il n'est pas forcément évident d'y adhérer dès les premières écoutes, tant le son semble sec et monolithique. Cependant, il fait bon de persévérer car, une fois les portes ouvertes, c'est un monde incroyable qui se dévoile d'un coup. Life est ardu, Life peut faire peur, mais surtout, Life est bon.