Recherche avancée       Liste groupes



      
POP  |  STUDIO

Commentaires (12)
L' auteur
Acheter Cet Album
 


 

- Membre : Alan Simon , Stevie Nicks , John Mcvie , Lindsey Buckingham
- Style + Membre : Peter Green , Peter Green Splinter Group , Mick Fleetwood , Christine Mcvie

FLEETWOOD MAC - Tusk (1979)
Par MARCO STIVELL le 24 Septembre 2014          Consultée 9295 fois

En 1977, malgré les conflits internes, le nom de FLEETWOOD MAC n'a jamais rassemblé autant de monde. Le groupe ne se repose pas sur ses lauriers et enchaîne avec son dernier album « régulier », avant que le rythme ne ralentisse. La surprise est de taille. FLEETWOOD MAC vend alors des camions de Rumours, une œuvre pop, très accessible. Tout le monde s'attend à voir ce succès exploité. Que nenni ! En 1979, le combo anglo-américain fait mettre dans les bacs un double disque sous forme de coffret, ensemble copieux et onéreux appelé Tusk (« défenses » en français).

75 minutes de musique, d'expériences en tous genres par un groupe au sommet de son art, mais qui d'une certaine manière, a provoqué son suicide commercial. Evidemment, un deuxième Rumours était illusoire, et 4 millions de copies pour un tel projet, cela reste fort honorable. Tusk en a d'ailleurs lui-même coûté un, de million, pour sa réalisation, ce qui en fait l'album le plus cher de l'histoire du rock à ce moment-là ! Heureusement, il contient des choses qui permettent aux gens d'y revenir sans crainte, à commencer par « Think About Me », le genre de mélodie éclatante et limpide dont Christine McVie est capable, chantée en chœur par le groupe. Stevie Nicks tente de copier sa grande amie avec « Angel » – on pourrait s'y méprendre – et s'en tire fort bien...

Stevie, désormais icône et sex-symbol international (unique source d'intérêt de nombreuses personnes pour FLEETWOOD MAC, il faut le dire), a commencé sa mutation, alcool et drogue aidant tristement. Sa voix, au départ acidulée mais claire, devient plus grave et rocailleuse, et cela ne va pas s'arranger au cours des années suivantes... Stevie est une petite fille qui grandit trop vite. Ce changement, dont elle est plus que consciente, elle l'illustre par « Sisters of the Moon », rencontre avec le spectre de la cocaïne, son mauvais génie. Une note de basse étouffée par John McVie qui imite le battement du cœur, une progression lente en crescendo, jusqu'à l'explosion du refrain et les hurlements glaçants de Buckingham sur sa guitare, tels sont les maîtres mots d'un morceau fantastique et impressionnant, véritable transe musicale, à écouter fort.

À l'inverse, « Sara » est une ritournelle douce que Stevie compose au piano. Favorite des fans, elle conserve un caractère hypnotique. Stevie l'écrit à la suite d'un avortement et l'adresse à sa meilleure amie Sara Recor, courtisée à son tour par Mick Fleetwood et qui l'épouse finalement... Moins connue, « Storms » est encore plus belle, fragile. Son esprit folk minimaliste rappelle subtilement Van Morrison et son légendaire Astral Weeks. De son côté, Christine McVie rend la balle à Stevie en allégeant ses textes et mélodies. Sur le tandem « Never Forget »/« Honey Hi », le ton est joyeux, enfantin. « Over and Over » est une merveille de sensualité, de même que « Brown Eyes », hantée par la présence brève mais émouvante de Peter Green sur l'envolée finale, tel un fantôme...

Quant à Lindsey, comment dire... Il pète les plombs ! Arrêtez-le, il va tout casser ! Non en fait, laissez-le, relâchez-le, oui ! Perdre Stevie, officier dans le même groupe qu'elle, la voir mettre des milliers d'hommes à ses pieds chaque soir et aux quatre coins du monde, avouez qu'il y a de quoi griller quelques circuits... Mais la personnalité de Buckingham est telle que cela a simplement réveillé quelque chose de latent, y compris au niveau musical. À l'époque, il écoute beaucoup de musiques différentes, punk et David Byrne côté rock. Sa créativité explose, et autant il monopolise les studios, s'isole de ses collègues pendant des heures, autant il est le maître d'œuvre incontesté de Tusk, « son » disque. Il est d'ailleurs remercié spécialement dans le livret.

John McVie goûte peu aux expérimentations, mais il s'y plie avec sa classe habituelle : écoutez le morceau-titre ! Mick Fleetwood, quant à lui, s'éclate mieux que jamais (c'est son album favori) sur sa batterie soigneusement produite, sur ses percussions, dans un registre « world » que Buckingham favorise allègrement (le negro-spiritual « Save Me a Place »). C'est là tout le génie de Tusk. Les univers plutôt classiques de Christine et Stevie restent accessibles, permettent au fan de s'y retrouver. En revanche, Buckingham éructe, braille sur des chansons courtes mais hargneuses, crades, exubérantes, dérangées et dérangeantes, comme en témoignent le punkisant « That's Enough for Me » et les « The Ledge »/« Not That Funny »/« I Know I'm Not Wrong » aux élans country. Des créations délirantes, de vraies gamineries qui retiennent fortement l'attention, y compris lorsque la folie prend un caractère étoilé : « That's All for Everyone », dreamy à souhait, évoque John Lennon.

Avec les ingénieurs du son Ken Caillat et Richard Dashut, Buckingham concocte une réalisation foisonnante, en termes de voix et autres détails fourmillants. Il convie même une fanfare à participer au morceau-titre, dense, tribal, complété par un mini solo de batterie. Quant aux effets de guitare, Lindsey en profite largement, grâce à son nouveau joujou. Fidèle à Gibson (Les Paul) jusque-là, comme tous les guitaristes du FLEETWOOD MAC post-Green, il ne quittera désormais plus jamais sa Renaissance Model One, modèle novateur, confortable aussi bien pour des parties de guitare électrique que d'acoustique. Quel prodige, ce Buckingham...

Tusk est exigeant, privilégie certes les tempos lents ou moyens, mais demeure osé, jouissif, inclassable... Sorti juste après Rumours, le disque le plus recherché de FLEETWOOD MAC n'a pas fini de nous rappeler à lui seul combien ce groupe est aussi célèbre que méconnu.

A lire aussi en POP par MARCO STIVELL :


Alanis MORISSETTE
Supposed Former Infatuation Junkie (1998)
Pop alternative et folk.




SHEILA
Little Darlin' (1981)
A.O.R. et pop californienne


Marquez et partagez





 
   MARCO STIVELL

 
   ZARDOZ

 
   (2 chroniques)



- Lindsey Buckingham (chant, guitare)
- Stevie Nicks (chant)
- John Mcvie (basse)
- Christine Mcvie (claviers, chant)
- Mick Fleetwood (batterie)


1. Over And Over
2. The Ledge
3. Think About Me
4. Save Me A Place
5. Sara
6. What Makes You Think You're The One
7. Storms
8. That's All For Everyone
9. Not That Funny
10. Sisters Of The Moon

1. Angel
2. That's Enough For Me
3. Brown Eyes
4. Never Make Me Cry
5. I Know I'm Not Wrong
6. Honey Hi
7. Beautiful Child
8. Walk A Thin Line
9. Tusk
10. Never Forget



             



1999 - 2024 © Nightfall.fr V5.0_Slider - Comment Soutenir Nightfall ? - Nous contacter - Webdesign : Inox Prod