La pochette du single "In My World" n'était pas censée en être une, et voilà qu'on se retrouve avec exactement la même pour l'album Buckingham McVie. La belle affaire, et quel manque de personnalité ! Le titre de l'album est celui des artistes, la photo est quand même bien pauvre. C'est du fait à la va-vite tout ça ! Dommage quand on sait que cela pourrait être le dernier de l'histoire FLEETWOOD MAC.

Non, je ne me décide pas à créer un artiste séparé pour ce disque, même si contrairement à ce que l'on pouvait penser, John McVie et Mick Fleetwood ne participent que pour une partie des morceaux. Morceaux composés conjointement entre les deux principaux intéressés, Dame Christine et le duc de Buckingham, parfois seuls, mais toujours dans la bonne humeur visiblement. Dix chansons, enregistrement en petit comité avec les quatre historiques, plus Mitchell Froom, le cinquième membre depuis un moment déjà.

Ce que l'on peut dire, c'est que Buckingham McVie ne manque pas de fraîcheur. Le "Red Sun" de Dame Christine est prompt à susciter la nostalgie en pensant aux premières fournées du FLEETWOOD MAC à succès dans les années 70, tandis que "Sleeping Around the Corner", à la base titre bonus d'un album solo de Lindsey, va jusqu'à employer des samples de boîte à rythmes similaires à ceux de "I Can See Clearly Now", tube de Jimmy CLIFF.

Sur "On With the Show", Lindsey mentionne "You and I (part 2)" (album Tango in the Night, 1987), et plutôt judicieusement. Les arpèges de la Renaissance One sur "Love is Here to Stay" sont peut-être plus faciles que ceux d'un "Never Going Back Again", de même que la mélodie, mais l'ambiance prenante rappelle le meilleur des albums "récents" du groupe anglo-américain, Say You Will (2003) notamment.

Rien de transcendant dans ce petit ensemble, juste du sympathique, du bien fait, du frais, malgré les timbres désormais un peu plus rocailleux de nos vétérans de la musique pop. Néanmoins, et c'est le bonheur principal, retrouver la voix de Christine McVie fait un bien fou. Elle n'hésite pas à revoir son songwriting/sa manière d'écrire avec "Too Far Gone", gorgé d'éléments funk et de synthétiseurs. Une sorte d'aboutissement moderne par rapport au "World Turning" de l'album blanc (1975).

Les percussions de Mick Fleetwood y sont à l'avenant. Lui et John McVie prouvent une fois de plus combien leur accompagnement discret demeure essentiel, même pour un projet qui se veut détaché du FLEETWOOD MAC habituel. Quand c'est un album solo, ok, mais là, à plus de deux membres historiques, ça devenait nécessaire.

Tout comme, a contrario, "Game of Pretend", un aparté de McVie au piano avec choeurs "sha la la" langoureux, sans doute pas aussi distingué qu'un "Songbird" ou qu'un "It Takes Time" (le morceau de Buckingham sur l'EP de 2013), mais très touchant. L'écriture de la dame est exemplaire sur "Carnival Begin", titre crépusculaire idéal en conclusion. Et le solo de Lindsey, rah ! Finalement, le seul morceau un peu en deçà, c'est bien le single "In My World" et ses réminiscences de "Big Love".

70 ans, ou presque. On sait combien il est difficile de se montrer exigeant et d'attendre plus qu'un album gentil. Si on l'est soi-même, on dira que Buckingham McVie est un peu mieux que ça, sans être un chef-d'oeuvre. Plus convaincant qu'un Say You Will trop long, pas aussi coloré qu'un Time (1995) ou qu'un Behind the Mask (1990) mais toujours efficace. Y compris sur "Lay Down for Free", réjouissant jusque dans le déguisement des voix de Dame Christine, forever young !