FLEETWOOD MAC ou le groupe qui faisait le grand écart. En 1997, on a l'impression de se retrouver dix ans plus tôt, comme s'il n'y avait jamais rien eu entre-temps – on trouve d'ailleurs encore un tas d'amateurs pour qui c'est effectivement le cas ! Seuls témoins du temps qui passe : quelques rides et les cheveux de Fleetwood tirant sur le gris.

Pour John McVie, Mick Fleetwood, Christine McVie, Stevie Nicks et Lindsay Buckingham, c'est une première grande réunion de vieux copains en cette année 1997, après dix ans de pause, si l'on s'en tient strictement à cette formation bien sûr. Ils sont en forme nos amis ! Sur la pochette déjà, ils glissent quelques savoureux clins d'oeil à leur passé, entre Buckingham qui tient la canne utilisée par Fleetwood sur l'album blanc de 1975, et papa Mick lui-même qui reprend la posture de Rumours.

Leur tournée s'étend sur 44 dates, et le groupe est augmenté pour l'occasion de quelques musicien(ne)s ami(e)s, dont Lenny Castro, percussionniste de TOTO, entre autres... Ils jouent présentement pour le show MTV à Burbank ce 23 mai 1997, avec un public en délire venu entendre Stevie Ni... pardon, venu entendre "Dreams", "Rhiannon", "Go Your Own Way", comme à la grande époque. Le live, The Dance, deviendra le 5ème album live le plus vendu de tous les temps aux USA – puisqu'on vous dit que rien n'a changé !

À l'exception de Mirage ("Gypsy" est présent sur la vidéo du concert), les quatre albums best-sellers du quintette sont représentés ici, avec évidemment une préférence nette pour Rumours et l'album blanc. On notera des versions fort bonnes (mention spéciale à "Rhiannon" et au grandiose "I'm Afraid") par des musiciens cinquantenaires frais et contents d'être là, un Lindsey Buckingham mûri et une Stevie Nicks dont la voix brille mieux que jamais, depuis les années 70 !

Sur le plateau d'MTV, ils font venir la même fanfare qui avait enregistré la chanson "Tusk", précisément pour restituer cette buckinghamerie festive avec Christine McVie à l'accordéon. Elle reste au moment du final sur "Don't Stop", chanté en grande liesse, version fort intéressante avec tous ces cuivres. Dès "The Chain", la cohésion du groupe semble parfaite, vocalement comme instrumentalement. Le discret John McVie aura même le droit de pendre le micro pour faire les choeurs sur "Say You Love Me", une grande première ! Et "Big Love" en voix-guitare seules, c'est à en donner des frissons...

Les membres du groupe plaisantent entre eux parfois, l'humeur est bonne. C'est également l'occasion de proposer des nouveautés composées par chacun des trois compositeurs en solo, et qui se sont incrustées parmi les morceaux répétés en prévision de la tournée : ils sonnaient fort bien avec l'ensemble du groupe ("comme c'est bizaaaaaarre !" disent Lindsey et Christine).

Il est vrai que cette initiative, quoique prenant beaucoup de place sur un CD simple et quitte à occulter des surprises plus anciennes ("I'm So Afraid" et le génial "Everywhere" sont les seules), offre de belles réussites : le "Temporary One" de Christine McVie et "Bleed to Love Her" par Buckingham - qui sera enregistrée pour l'album suivant -, toujours dans l'esprit pop californienne et sucrée qui a fait la renommée internationale du groupe. Un repêchage plus que bien inspiré, "Silver Springs", face B de Rumours, nous renvoie à l'époque où la magicienne Stevie Nicks écrivait ses meilleures chansons, avec un choeur magistral.

The Dance tient toutes ses promesses, sans faire office de compilation basique (recette très fréquente pour les disques live de reformations), ce que l'on saura apprécier avec la présence de nombreux inédits.