Ah, ça a dû gonfler plus d'un rockeur, en 1976, d'entendre Mick Jagger éructer sur cinq minutes de funk ! Ou presque autant sur du reggae ! Pourtant, "Hot Stuff" et "Cherry Oh Baby" sont franchement sympathiques, certainement pas grandioses mais bon. Les ROLLING STONES ne courent pas avec son 'classic-rock' dont il sentent peut-être le vent de la créativité leur échapper, et cependant, ils ne renient pas leur tendance au bric-à-brac dont la plupart de leurs grands albums demeure fait, avec certes un peu moins de diversité.

Black and Blue est le très chouette petit album d'un groupe qui retrouve du souffle mais préfère dès lors mener sa vie pépère, accoucher d'un tube ou deux quand il le peut. Il n'y en a pas ici, mais la carrière routinière des STONES s'ouvre en grande pompe et avec une certaine fraîcheur : il suffit d'écouter le blues torride de bar "Melody", Bill Wyman y va comme s'il rejoignait une de ses douze mille maîtresses-groupies, Jagger chante en duo avec un Billy Preston décidément très doué !

Ah, la fin jam plus que réussie de "Hey Negrita" où Charlie Watts tient bon la barre et le vent. L'orgue résonne quand ce n'est pas l'ARP String Ensemble et on a droit à un magnifique slow de sept minutes appelé "Memory Motel" où Jagger et Keith Richards forment décidément un beau couple, mais euh, en fait aux pianos, acoustique pour un, électrique pour l'autre ! D'ailleurs, l'autre ballade, "Fool to Cry" est super touchante avec ses voix de tête, sa slide par Keef, son final torturé.

Finalement, il y a aussi un peu de guitares mordantes, à l'ancienne, sur "Crazy Mama" et "Hand of Fate". Ron Wood n'est pas encore membre officiel, il est souvent remplacé par d'autres, plante un petit solo sautillant comme en toute fin de disque... Like it or not, le rock c'est ça aussi. Et ça fait un bien fou !! Hey you, I'm black & blue!