Autant je peux aisément comprendre le scepticisme dont est victime ...and then there were three..., autant je trouve que les qualités évidentes de Wind and Wuthering devraient faire l'unanimité chez les amateurs de rock progressif. Il est parfaitement du niveau, très élevé, de la carrière de Genesis, avec notamment de superbes ambiances automnales et une harmonie décoiffante, vraiment je ne comprend pas la relative mauvaise réputation dont il souffre.

C'est toujours cette histoire de placer sur un piédestal les albums de l'époque Gabriel, plus théâtraux, par rapport aux suivants, plus romantiques bien que tout aussi progressifs, je suppose... A mon sens, c'est du grand n'importe quoi, Gabriel est un bon musicien, avec des idées intéressantes, mais il n'a jamais été le compositeur de la bande. Alors qu'il était devenu le symbole, c'est lui qui était un peu l'intrus, voulant partir vers de l'art rock plus direct tandis que les autres membres tenaient à leur prog un peu folk très orné. Bref, inutile d'encore réveiller cette polémique idiote.

S'il me semble que A trick of the tail est l'album le plus équilibré de leur carrière, il est également assez conventionnel. Wind and wuthering, deuxième volet du diptyque, est beaucoup plus romantique et merveilleux. Au risque d'être un peu pompeux, mais il n'y a rien de plus grave que dans Selling England by the pound ou que dans n'importe quoi d'ELP. Quoique...

Quelque chose cloche quand même oui, raison pour laquelle je baisserai légèrement la note. Au milieu de tant de sophistication, on trouve une chanson linéaire et mal dégrossie, plus commerciale que ce qu'ils ont fait dans les années 80, j'ai nommé l'épouvantable «Your own special way», peut-être la seule chanson de Genesis que je n'aime pas du tout. Sans elle, on aurait sans doute là le meilleur album du groupe, hélas elle suffit à briser quelque peu l'élan d'une œuvre autrement si bien construite.

Par contre, «Eleventh earl of mar» fait partie de mon top 5 depuis des années, avec une mention spéciale pour les modulations du début de la chanson. Ça c'est de la composition sérieuse, comme très peu de musiciens de rock ont jamais été capables d'en faire. «One for the vine» est leur dernière chanson ambitieuse qui atteint les dix minutes. Un peu outrancière mais je ne peux m'empêcher d'adorer. Les instrumentaux «Wot Gorilla» et «Unquiet slumber for the sleepers in that quiet earth» sont tout ce qu'il y a de plus épatants, et je n'oublie pas la cartoonesque «All in a mouse's night» et la nostalgique «Blood on the rooftops», toutes deux géniales. Quant à «Afterglow», je la trouve un peu simple, mais elle convient très bien comme conclusion.

Et donc, il va sans dire que Wind and wuthering est un indispensable du progressif, un disque incontournable qui achève de faire de Genesis un des plus grands groupes de rock, au génie de composition collectif inégalé.

Note : 4,5/5