Avec cet album, Vangelis laisse s'exprimer sa part la plus iconoclaste avec un humour et un sens de la dérision très rafraichissants. Malheureusement, il n'exploitera jamais plus cette veine dans l'avenir. Est-ce à cause de l'échec commercial du disque?
"Memories of green" constitue à mes yeux l'une des 2 ou 3 meilleures compositions de Vangelis que Ridley Scott a remarquablement utilisée dans Blade Runner. Ce blues pianistique, ce jazz d'après minuit, combine de façon très troublante une ambiance très "smooth" (transmise par la beauté d'une mélodie qui se déploie lentement en révélant peu à peu sa force émotionnelle), pour ainsi dire rétro, et un enrobage futuriste minimaliste, feutré, qui vient perturber les repères de l'auditeur par ces scintillements tout droit sortis de signaux d'ordinateur. Le résultat fait se fusionner le chaud et le froid, la tendresse et l'ironie vicieuse. "Memories of green" m'émeut autant qu'il m'inquiète, sensation que je n'ai ressentie dans aucune autre composition, tout genre confondu.
Le charme de See You Later réside dans cette impression bordélique de fourre-tout. On devine Vangelis malicieux devant ses consoles.