Curiosité de la disco de QUEEN ou témoignage incontournable d'avant la bascule des 80's ? Si j'ai envie de découvrir ce groupe, dois-je inscrire Live Killers au rayon des priorités ? Les publications (tardives) du Live At The Bowl mais davantage encore du Rainbow 74 rendent la réponse moins évidente. Parce qu'historiquement ce double disque est resté le seul témoignage Live suffisamment fourni disponible pour le public pendant son activité. (Ignorons Live Magic, produit élu arnaque de l'année en 1986).

On l'oublie parfois, mais l'essentiel des Live de QUEEN a été publié après la disparition de Freddie Mercury. Live Killers est l'unique publication du groupe en 1979, pas d'album cette année, le prochain serait The Game, en 80, qui mettrait fin au bannissement des synthés dans la musique du quartette. Tout un symbole.
Le groupe joue encore à quatre sur scène, plus pour très longtemps. Freddie commence à s'éloigner du piano. Les prises datent du début de l'année 79. Ce sont les membres de QUEEN qui produisent et mixent le son d'un album plus ou moins imposé par le label, à une époque où les double live faisaient de l'effet.

Les médias vont - comme il se doit en plein post punk - déchirer l'objet, se foutre de la gueule de QUEEN. Lequel objet fait fi de "Somebody To Love" ou encore de "Fat Bottomed Girls", voire de "It's Late" ou "If You Can't Beat Them". Là encore, on peut regretter certains choix. "Brighton Rock" est ici dans une version "Frankenstein", ce titre faisant l'objet d'un montage de plusieurs prises isolées sur des dates différentes. "Get Down Make Love" idem. Jusqu'à "We Are The Champions" dont les couplets et les refrains sont montés à partir d'extraits de deux concerts différents. Il se dit que le recours aux overdubs n'est pas exclu non plus.

Assez incroyablement, le son de Live Killers est très rugueux, plutôt cradingue, le mouvement punk étant passé par là. De fait, les quatre ont plutôt foiré leur prod, QUEEN sonne comme sonnera le GUNS N' ROSES des débuts, ça surprend mais ça déstabilise aussi. "Now I'm Here" se révèle être un excellent moment. "Keep Yourself Alive" dépote sévère, "Don't Stop Me Now" est encore meilleure qu'en studio, ça joue grave bien. Le début "We Will Rock You (fast)"/"Let Me Entertain You" secoue la pulpe, "Sheer Heart Attack" défonce tout, ça reste la classe.

La set-list fait rêver quoi qu'il en soit. Le charme opère, plus que sur l'impeccable Wembley 86. QUEEN n'est pas encore devenu le monstre des stades qui a marqué les esprits pendant le Live Aid 85, Live Killers offrant un témoignage bien plus râpeux que ce à quoi on était familier. À ne pas négliger donc.

note réelle : 3,5