Oh le bel album à la pochette bien virile ! Aujourd'hui, ça ne risque pas de sorti... euh, non rien.

Pour ma part, elle a toujours conditionné Sticky Fingers, repoussé le moment d'écoute, entraîné une forme de dépréciation, même si la musique joue son rôle. Cela sent un peu trop le Mick Jagger en rut et plus que jamais, le même qui voudra faire des concerts avec un pénis gonflable géant deux ou trois ans plus tard. C'est sûr que pour "Brown Sugar", il n'y a pas trop à s'en plaindre ; chose amusante, ce riff de guitare qui est la quintessence de Keith Richards même, est en fait de Mick !

Le son de l'album, partiellement enregistré en Alabama aux studios Muscle Shoals (un des temples de la musique américaine d'alors), est suffisamment 'lourd', testostéroné pour marquer les esprits, et la présence de Bobby Keys au saxophone dès les premiers instants de "Brown Sugar" n'y est pas étrangère. Même si ça joue d'enfer, cela a ses limites, d'un point de vue personnel (idem pour le jeune SPRINGSTEEN, icône du rock en devenir). "Can You Hear Me Knocking?" reste un sacré moment de folie sauvage, débridée, sexuelle : Martin Scorsese, fan des STONES, ne se prive pas dans Casino (1995) et entre autres emprunts brefs au groupe, pour la passer en entier, celle-ci !

Ce qui fait encore la force de Sticky Fingers, ce sont d'autres tubes : la ballade folk-country "Wild Horses", l'impeccable "Sway", même le très cool, rafraîchissant "Dead Flowers". J'ai du mal à être convaincu par le milieu de l'album toutefois, l'ambiance générale uniforme malgré les passages obscurs (sans mauvais esprit) de "Sister Morphine", très intéressants. "Moonlight Mile", heureusement, se trouve être un chef-d'oeuvre de plus à ajouter au palmarès des bad boys anglais !