Les voici de retour, les vrais ROLLING STONES ! Finis, les costumes bariolés et l'ère psychédélique (amusant, comme ils ont tout concentré en cette année 1967), re-bonjour le blues, les champs de coton et tout ce qui fait l'essence-même de la base de leur musique.

Beggars Banquet est un disque rock mais délivré avec des moyens acoustiques une bonne partie du temps. Et encore parfois un peu de restes de la période hippie, les derniers tours pendables de Brian Jones, aux sitar et tampura sur le génial "Street Fighting Man" (avec Dave Mason de TRAFFIC en renfort au shenhai, hautbois indien). Aussi au Mellotron mais loin d'être le plus visible sur un brillant "Jigsaw Puzzle" avec le gimmick de batterie impeccable de Charlie Watts, la basse très marquée de Bill Wyman, le piano de Nicky Hopkins, la fièvre de Mick Jagger et les guitares volubiles de Keith Richards, slide comprises !

Mis à part "No Expectations" et les ultimes prestations (ou presque) de Brian Jones à l'harmonica, l'étoile de ce disque, côté solos et aux côtés de son ami Mick, c'est vraiment Keef (il ouvre même seul "Salt of the Earth" au chant). Son arrivée providentielle sur "Sympathy for the Devil", déjà bien prenant de provocation et d'intensité festive, reste l'un des clous du disque, à l'image du morceau. Avec d'autres morceaux plus simples comme "Stray Cat Blues", sur le plan rugueux, ou bien le rural et humoristique "Dear Doctor", les ROLLING STONES avaient besoin de se refaire, quitte à singer leurs idoles américaines.

Le seul lien commun avec les hippies, c'est le retour intégral à la terre, quelques moments d'élévation instrumentale aussi, voire vocale, comme la fin gospel de "Salt of the Earth". Paradoxalement, ce disque homogène en style comme en qualité peut s'avérer plus exigeant à l'écoute que les trois précédents, plus colorés. Il n'en demeure pas moins excellent de bout en bout et ensoleillé, d'une toute autre manière que sa pochette !