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VARIÉTÉ FRANÇAISE  |  STUDIO

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Michel DELPECH - Inventaire 66 (1966)
Par MARCO STIVELL le 4 Janvier 2020          Consultée 1677 fois

1966 en France, l'année de La Génération Perdue, un des meilleurs albums de Johnny HALLYDAY ; d'ANTOINE qui vient titiller ce dernier avec ses "Elucubrations" ; du premier album de Jacques DUTRONC, pour le moins essentiel ; et aussi, de celui de Michel DELPECH qui parle volontiers de tout ce petit monde, en étant plus jeune mais en ayant autant de succès qu'eux !

Tout semble alors sourire au beau garçon de 20 ans à peine. Lui, le descendant d'agriculteurs-commerçants du Loir-et-Cher (du côté de son père) et de viticulteurs champenois (sa famille maternelle), il se pose en artiste, ce qui crée un net changement ! Surtout qu'il décide de faire de la musique avant même de passer le bac : "j'aurais mieux fait de réviser la méthode Assimil plutôt que d'écouter des disques yéyé" chante-t-il le temps d'une concession à ses proches sur "Plus d'bac".

Une chose amusante et qui concerne la globalité de la carrière de Michel DELPECH, c'est que même s'il publie très vite des 33-tours, il reste mieux placé sous le signe du 45 : la plupart de ses tubes ne figurent pas sur les albums de plus de deux ou trois chansons. Sauf exception, et le premier en fait partie. Pour un jeune adulte rebelle des années 60, qui écrit lui-même la plupart de ses textes, elle l'équilibre déjà avec une "bonne" image.

"Chez Laurette", dédiée à un café fréquenté dans son enfance avec ses parents à Courbevoie dans le département du Val d'Oise, est la chanson qui signifie beaucoup pour lui, après un ou deux essais infructueux chez Vogue. Elle lui a permis de débuter en grande pompe une carrière avec Roland Vincent, compositeur qui s'est aussi fait connaître chez DALIDA, Mireille MATHIEU, Françoise HARDY etc. et qui trouve vite ses marques ici, pour longtemps auprès de DELPECH.

Avec son pas de trois temps léger aux cordes et aux choeurs plus forts, son ambiance nostalgique, feutrée et langoureuse, propice à la danse-câlin du slow, "Chez Laurette", d'abord simple single, met en lumière la belle voix de Michel mais ne le porte pas, lui, dans la lumière ; pas encore. Il faut attendre son intégration à la comédie musicale Copains-Clopant, où l'artiste rencontre également sa première femme, Chantal Simon. Le succès ne se fait plus désirer, et il ira plus fort ensuite. En plus, il a la "gueule" pour plaire !

Sur le premier album de DELPECH, publié par Festival, une filiale du grand manitou Eddie Barclay, il y a une poignée d'autres ballades : "L'entrée des artistes", projection touchante et mature qui envisage déjà la possible fin de célébrité, le plus traditionnel "Quand on aime comme on s'aime". C'est pourtant, mis à part "Chez Laurette" et en plus d'une voix pleine de fraîcheur (jusque dans ses dédoublements), le talent de sociologue de l'artiste qui demeure le clou principal.

"Inventaire 66" est une entrée en matière assez forte et qui porte bien son nom. "Une mini-jupe, deux bottes Courrèges" (gloire soit rendue à la mode pour une fois car, encore aujourd'hui, 50 ans après, ce style repris par d'autres marques se porte aussi bien que les jeans et les ballerines !) pour commencer dans la séduction. Puis "une guerre au Vietnam", "cheveux longs, des idées courtes", "pour bientôt un petit Smet" (deux clins d'oeil à Johnny), sans oublier le leitmotiv qui en dit long alors (mais plus pour beaucoup de temps) : "toujours le même président". La musique blues à guitares grésillantes, tout aussi bien sentie, s'oppose aux refrains orientés romance.

On trouve des échos de cette révolte dans "Les enfants du temps d'aujourd'hui" où les BEATLES sont évoqués sur fond de blues-rock, de solos de Grestch remplis de bends. Aussi, de façon plus adolescente dans "Plus d'bac", où le jeu de mots avec le nom du compositeur-génie du baroque était plus ou moins prévisible, so frenchy. D'ailleurs, le piano d'intro lui rend directement hommage... Le sketch du "Restaurant chinois", liste des plats et imitation d'accent compris, est le pendant asiatique et mis en vers de "La compapadé" de DUTRONC, cité d'ailleurs grâce au "Et moi, et moi, et moi..." par DELPECH. Avec du second degré, cela peut passer.

Là où Michel se distingue de Jacques en revanche, c'est que même s'il aime lui aussi le rock, étant relié à l'écurie Barclay, il doit faire de larges concessions à un public français qui n'en est pas encore bien nourri (et ne le sera jamais complètement, surtout pas aujourd'hui !). Lui-même a usé les sillons de disques de Charles AZNAVOUR, Gilbert BECAUD... Aussi, l'orchestre de variété amène son lot de lourdeurs, dans les cuivres avant tout, rien d'inhabituel.

Hélas cela pèse un peu sur la qualité de l'album, autant que la qualité relative de certaines chansons, "sans plus". A contrario, outre le tube, de belles surprises : "Bonne chance mon garçon", "L'entrée des artistes", preuve que Michel DELPECH est dès son jeune âge un chanteur touchant, dans tous les sens du terme. Tendre, mais pas seulement ; provocateur, mais pas seulement.

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   MARCO STIVELL

 
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1. Inventaire 66
2. Paricolor
3. Je Me Sens Tout Petit
4. Quand On Aime Comme On S'aime
5. Les Enfants Du Temps D'aujourd'hui
6. Chez Laurette
7. Le Restaurant Chinois
8. Bonne Chance Mon Garçon
9. Plus D'bac
10. L'entrée Des Artistes



             



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