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Michel DELPECH - 5000 Kilometres (1979)
Par MARCO STIVELL le 15 Janvier 2020          Consultée 1771 fois

En rebondissant sur la chronique de "C’est ta chanson", on peut vite résumer le propos de 5000 Kilomètres, dernier 33 tours de Michel DELPECH dans les années 70, et dernier régulier avant longtemps. Durant la deuxième moitié des années 70, l’artiste n’a point fait preuve de grande créativité (et tout en ayant ralenti sa production de singles), aussi ne s’étonne-t-on pas de voir que ce disque est entièrement constitué de reprises.

Les adaptations sont de Jean-Michel Rivat et de DELPECH lui-même, rien de neuf. Par contre, ce qui est étonnant, c’est la sélection d’artistes, tous anglais ou américains. Etonnant, pas pour ce qu’ils sont, mais pour l’envie de ne retenir qu’un seul titre d’untel et d’en chanter trois pour d’autres. Au programme : Carole KING, Paul SIMON, James TAYLOR, Graham NASH, et bien sûr, Elton JOHN, déjà annoncé par le single de 78.

Les orchestrations collent totalement aux versions d’origine, à quelques détails près : les flûtes du "Daniel" de Sir Elton sont jouées par le piano Fender Rhodes, ce genre-là. Sinon, ce sont des copies conformes, un exercice plaisant dans son envie de restitution la plus fidèle possible. Le son change un peu et enlève le caractère feutré de certaines productions du début de la décennie : nous sommes en 79, année Christopher CROSS, période dite "soft" et tout parait logiquement plus clair, spacieux.

Musicalement, c’est beau à écouter, avec en plus des musiciens français au top du top : Claude Engel (qui se charge aussi des arrangements), Jannick Top, Christian Padovan, Jean Schulteis, Alain Hatot, Marc Chantereau, Georges Rodi, Gérard Bikialo, Jean-Pierre Sabar, Joss Baselli (l’accordéoniste de RENAUD)… Excusez du peu ! Un nouveau bel hommage de DELPECH à la musique outre-Manche et Atlantique qu’il aime, avec un entourage français contrairement aux deux 33 tours précédents.

Jusque-là, tout va bien, et on peut encore ajouter le chant, toujours splendide, toujours au top lui aussi malgré les vicissitudes, les addictions… Cela fait bizarre d’entendre DELPECH en lieu et place de Carole KING sur "Tu as un ami" ("You’ve Got a Friend"), car on parle de l’une des plus belles voix de l’histoire du folk au féminin, pas seulement américain, d’une chanson d’un album essentiel (Tapestry, 1971), mais ça reste joliment fait.

Le problème, gros problème même, ce sont les paroles. L’adaptation des paroles plus exactement, un mot à mot assez flagrant et qui nous fait demander comment eux-mêmes (DELPECH, Rivat, l’entourage) ont pu accepter d’aller jusqu’au bout de cette œuvre sans s’en rendre compte. Ont-ils vraiment considéré qu’ils ne pouvaient pas faire mieux ? Certes, pour un(e) fan qui accepte aisément tout effort de son idole, ça passe, mais dès qu’on fait le rapprochement avec les originaux, aie !

Certains titres s’en tirent mieux que d’autres, comme "There’s Only One" ("Il n’y a que lui") de Graham NASH, avec le sax ténor d’Alain Hatot qui vient souligner chaque phrase de DELPECH. Egalement "J’ai été fou d’aimer", nouvelle version du "I Was a Fool to Care" de James TAYLOR, où ressortent l’accordéon de Joss Baselli et les guitares 12 cordes de Claude Engel. Ce même instrument vient seconder la batterie de très belle façon dès les premières mesures du disque.

C’est d’ailleurs Paul SIMON qui ouvre, comme il ferme le tout, et on peut remercier DELPECH de vouloir mettre l’accent sur la carrière solo du maître folk américain. Pourtant je n’aime que très modérément "Kodachrome" et pas du tout son final bluegrass délirant. Chanté en français par DELPECH, c’est une épreuve, à cause de la traduction, mais pour le coup, ça ne tient pas qu’à lui. Sur "Trente manières de quitter une fille", c’est bancal aussi pour le refrain, mais le titre est très bon.

Il est vraiment appréciable de ne pas avoir les chansons les plus attendues, comme "Sweet Painted Lady" d’Elton JOHN, ou même "Daniel", mais aux côtés de belles envolées de synthé et autres orchestrations fines, on trouve beaucoup trop de mot à mot sur cette dernière. Rien à faire, quand on connait déjà les vraies chansons en plus, cela gâche le plaisir. Vraiment dommage car ce disque à la superbe pochette et à l’hommage sincère méritait bien mieux !

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   MARCO STIVELL

 
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- Michel Delpech (chant)
- Claude Engel (guitares, arrangements)
- Jannick Top, Christian Padovan (basse)
- Jean Schulteis, Pierre-alain Dahan (batterie)
- André Sitbon (batterie)
- Jean-pierre Sabar (claviers)
- Gérard Bikialo, Georges Rodi (claviers)
- Alain Hatot (saxophone)
- Marc Chantereau (percussions)
- Joss Baselli (accordéon)


1. Trente Manières De Quitter Une Fille
2. J'ai été Fou D'aimer
3. Il N'y A Que Lui
4. C'est Ta Chanson
5. Kodachrome
6. Dame De La Ville Basse
7. T'as Un Ami
8. Daniel
9. Une Chose Qui Va Si Bien



             



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