En cette année 1989, l’album qu'UB40 avait le plu vendu était Labour Of Love (1983), le seul de leurs discographie à avoir atteint la première place des charts anglais. Un résultat bien plus enviable que celui de leur dernier opus en date, le très décevant UB40 (1988), qui n’avait fait que péniblement se placer en douzième position des mêmes charts.
Que croyez-vous qu’il arriva ?
De manière très pragmatique, plutôt que de s’investir dans de nouvelles compositions, le groupe décida de sortir Labour Of Love II qui réitérait la même formule que son aïeul, à savoir la reprise de morceaux, majoritairement Reggae, peu connus et assez anciens pour les proposer au public à la sauce UB40.

Cela commence avec une brève reprise de l’intro du "Small Axes" de Bob MARLEY, qui lance une version chaloupée et lustrée du "Here I Am (Come and Take Me)" de Al GREEN. L’esprit Soul et rugueux original laisse place ici à une interprétation bien plus policée et mélodique, à l’efficacité indéniable, notamment du fait d’une rythmique bien marquée. Le second morceau, une version nonchalante du "Tears From My Eyes" de l’obscur Teddy DAVIS, avec Ali Campbell au chant, se révèle également assez envoûtant et réussi. Si l’on ajoute à cela la très bonne version du "The Way You Do the Things You Do" des TEMPTATIONS, probablement le titre qui subit le lifting le plus important tant nous sommes là très loin de la version originale, nous avons là une entame d’album des plus réjouissantes.
Impression initiale renforcée par un "Wear You to the Ball" des The PARAGONS présenté ici dans une version skankée qui modernise grandement ce titre issu, comme beaucoup de ses confrères, des années 60/70.
Le méga-tube de UB40, "Kingston Town" est lui assez fidèle à la version de son créateur LORD CREATOR. On y retrouve la même ambiance chaloupée et ce même sens de la mélodie. Seul le son, plus épais et moderne chez UB40, diffère réellement. Pour la petite histoire, il se dit que Paris HILTON et Warner ont été attaqués pour plagiat du fait des fortes ressemblances entre ce titre et le "Stars Are Blind" de Paris HILTON. Et que ce titre étant désormais tellement lié à UB40, cela a obligé ces derniers a faire un communiqué pour affirmer qu’ils n’étaient pas à l’origine de cette action en justice.
Il faut dire que "Kingston Town" fait partie des classiques incontournables du groupe, aux côtés de "Here I Am (Come and Take Me)", "The Way You Do the Things You Do" et, dans une moindre mesure, de "Homely Girl". Tous ces titres étant tirés de Labour Of Love II, c’est dire l’importance de ce disque pour UB40.
Mais on ne peut pas résumer ce disque à ceux-ci. Aux côtés de ces 'tubes', nous avons également des titres moins connus, mais tout aussi efficaces. C’est ainsi le cas des très bons "Wedding Day" et "Stick By Me", succès à mettre fortement au crédit d’arrangements habiles, d’une section rythmique très présente, et de voix très mélodieuses. Le tout mis au service de titres majoritairement très modernisés et valorisés par le traitement qu’UB40 leur fait subir.
Si le paramètre commercial ne peut pas être évacué de l’origine de cet album, il faut reconnaître que UB40 montre son talent pour donner une nouvelle vie à du matériel ancien et bien souvent poussiéreux en apportant un souffle et une modernité très perceptibles. La passion que voue le groupe à ces 'vieilleries' est palpable et fait de cet album une réelle réussite. Le seul petit défaut serait peut-être à chercher du côté d’une interprétation qui, si elle est très professionnelle et efficace, manque un peu d’émotion. On aurait aimé que le groupe fasse preuve d’un peu plus de sensibilité et de sentiments.
Mais cela ne retire rien au mérite d'UB40 qui sort vainqueur de l'exercice qui consiste à bonifier et à réhabiliter des titres oubliés. Et qui en retira un succès commercial majeur.