Ah vraiment UB40, quel groupe d’artistes intègres et désintéressés qui n’hésite pas à consacrer de son temps à la promotion d’auteurs de titres de Reggae oubliés !
Non, je plaisante. Je peine en effet à croire que le fait que les deux premières éditions des compilations Labour of Love I & II (respectivement 1983 et 1989) soient à compter parmi leurs meilleures ventes d’album soit étranger à l’idée de proposer un troisième volet à leur entreprise de reprises de morceaux plus ou moins tombés dans les oubliettes du Reggae.
Lorsqu’une formule fonctionne, pourquoi ne pas l’utiliser sans vergogne, la resservir régulièrement en espérant en retirer le même succès ? Quitte à user le concept et à en devenir caricatural, UB40 allant, comme QUIET RIOT avec ses reprises de SLADE, jusqu’à reprendre un nouveau titre de Neil DIAMOND, "Holly Holy", espérant certainement réitérer le succès que lui avait apporté la reprise du "Red Red Wine" du même DIAMOND.
Vous commencez à avoir une idée de ce que m’inspire ce pathétique Labour of Love III.

La dernière décennie du siècle précédent a vu UB40 rencontrer une période ininterrompue de succès commercial (qui a continué pendant la décennie suivante), et le groupe semble chercher à capitaliser sur cette réussite.
Songez qu’en parallèle aux trois compilations Labour of Love, lorsque paraît ce troisième volet, le groupe a déjà sorti 'huit Best of', soit autant que d’albums originaux.
Le moins que l’on puisse dire est que l’inspiration qui caractérisait UB40 à ses débuts n’est dès lors plus la qualité première du groupe.
Et cela se ressent dans ce fourre-tout de titres insipides et uniformisés où presque tous les morceaux se ressemblent. C’est donc sans surprise qu’aucun single notable ne jaillit de cet album unidimensionnel, et que je défie quiconque de pouvoir citer un titre particulier qui l’ait particulièrement accroché. Même le pourtant bien connu "Soul Rebel" de Bob MARLEY n’est pas épargné par cette entreprise d’affadissement général. Plombé par une batterie dénuée d'âme et de finesse, chanté sans passion, alourdi par une instrumentation passe-partout, ce classique sombre comme tous les autres morceaux. Et le constat est presque similaire avec le pourtant mythique "Legalize It" de Peter TOSH.
Bon, essayons tout de même de sortir quelque chose de positif de ce naufrage. Peut-être que "My Best Girl", porté par la voix chaude d’Ali Campbell et le tantinet vivant "Blood & Fire" ne méritent pas le même lynchage que leurs pairs. N’allez tout de même pas croire que l’extase soit au rendez-vous. Mais au moins, ces deux titres sont décents.

A noter un ghost track à l’issue d’une longue plage silencieuse qui suit "Legalize It". Je vous rassure, il est encore bien plus inintéressant que les autres titres de l’album, constitué essentiellement de ronflements. Non, ce n’est pas une blague ! Comme si le groupe s’était endormi lors des sessions d’enregistrement.
Ouf, un instant je me suis fait peur.