Lorsque sort Homegrown en 2003, on peut considérer que cela fait bien plus d’une décennie que UB40 n’a proposé un album réellement enthousiasmant. Dans cette situation, il ne devait guère être difficile de nous surprendre positivement. C’est pourtant de manière un peu poussive que le groupe y parvient avec son quatorzième album.

Si "So Destructive", le morceau qui lance le bal, est rapidement assez ennuyeux, du fait d’une structure bien trop répétitive, malgré des sonorités dynamiques et modernes, la suite est un peu plus intéressante. Dès "I Knew You", on retrouve le style chaloupé de UB40 et cette basse toujours aussi percutante.
Et comme le groupe continue à faire bonne impression avec le rythmé "Someone Like Me", puis avec "Drop By Me" et sa structure comportant plus de reliefs, nous sommes alors en droit d’espérer le retour d’un UB40 en grande forme. On retrouve en effet cette aptitude à mêler son sens de la mélodie et des ambiances Reggae bien senties.
L’espoir est alors de mise, d’autant plus que "Freestyler" vient apporter une surprenante touche Ragga qui tranche avec le style habituel du groupe et apporte fraîcheur et surprise.
Malheureusement, la suite se révèle moins enthousiasmante, le groupe semblant revenir à ses anciens démons en se mettant en pilotage automatique.
"Everything Is Better Now", "Just Be Good (Bushman Dub)" et "Young Guns" défilent mollement sans provoquer aucun sentiment particulier. Ce n’est pas particulièrement mauvais, mais c’est fade, aseptisé et sans originalité. Ces titres sont simplement sans aucun intérêt. Même le légèrement chaloupé "Young Guns" se montre guère affolant malgré des vocaux un peu plus pétillants et vivants.
Et on retombe dans le totalement dispensable avec "Hand That Rocks The Cradle", avant que "Nothing Without You" (et sa version Dub) nous réveillent un peu avec ses rythmiques plus marquées et ses sonorités légèrement électro.
Le trop répétitif "Swing Low", interprété avec UNITED COLOR OF SOUND, qui aurait été utilisé comme thème officiel de la Coupe du monde de rugby de 2003 (ce qui peut expliquer les passages avec un fond sonore de foule), tranche avec le reste de l’album. Il s’agit d’une réinterprétation du "Swing Low, Sweet Chariot", un morceau de négro spiritual souvent utilisé par les supporters de l’équipe d’Angleterre de Rugby. Mais la répétition abusive du refrain (le groupe ne reprenant pas tous les couplets) est très vite exaspérante.

Malgré de (trop rares) bons moments, Homegrown ne parvient pas à nous extraire de la léthargie dans laquelle UB40 nous plonge depuis des années. C’est professionnel, c’est propre, mais c’est sans vie. Les compositions sont répétitives et convenues, les arrangements tièdes et linéaires, l’interprétation dénuée de toute passion.
Il s'agit d'un bon disque pour peu qu'on soit à la recherche d’un fond sonore paisible et non perturbant, et que la quête d’une once de frisson ne soit pas attendue.