Après le très décevant Labour of Love et un énième Best Of, UB40 nous revient à l’aube de ce nouveau siècle avec Cover Up dont le titre fait craindre un nouvel assemblage de reprises. Mais, contre toute attente, ce treizième album se révèle plutôt intéressant et est probablement ce que le groupe nous propose de mieux depuis Labour of Love II en 1989.
On a le sentiment que le groupe semble s’être enfin remis en question pour sérieusement se retrousser les manches. Cela se traduit notamment par la présence de seulement 2 reprises (le péché mignon de UB40).
En effet, seuls "Sparkle of My Eyes" de Garth Evans et "Since I Met You Lady" de Ivory Joe Hunter ne sont pas des compositions du groupe.

"Since I Met You Lady" est un vieux titre de R&B rugueux de 1956 ici totalement modernisé et transfiguré, notamment grâce à la participation de la 'Reine du Dance hall' jamaïcain, Lady SAW. Difficile de reconnaître le morceau original, mais le résultat est plutôt plaisant.
La reprise du "Sparkle of My Eyes" de Tyrone EVANS (originalement enregistré avec The PARAGONS en 1978) reste plus dans l’esprit de la version originale. Au travers de ces deux titres, on pourrait penser que l’éclectisme est de retour, puisque UB40 passe allègrement d’un morceau très ancré dans un Reggae traditionnel à une chanson aux tonalités bien plus modernes. Mais c’est bien dans un Reggae mélodique que s’inscrit globalement l'album. Seuls "Something More Than This", "Since I Met You Lady" et l’étrange "Write off the Debt" apportent une touche plus Dance et moderne. Et, dans les deux premiers cas, avec une réelle réussite.
Le plus important reste le fait que l’on sent enfin le groupe impliqué et animé d’une passion qui semblait avoir disparu lors de la dernière décennie.
Ce sentiment, on le retrouve dans la plupart des morceaux originaux. Que ce soit le mid-tempo "Really" ou bien le plus dynamique "Rudie", les compositions tiennent la route et sont interprétées avec une conviction et une efficacité de bon aloi. La couleur 'Pop' que UB40 avait privilégiée dans ses précédents albums laisse ici la place à une orientation bien plus Reggae.
Alors soit, ce n’est pas renversant d’originalité, mais on sent le groupe plus cohérent et sérieux que lors des errances artistiques qui ont marqué sa carrière. Peut-être est-ce dû au chant principalement assuré par Ali Campbell qui apporte stabilité et cohésion à l’ensemble.
Même si certains morceaux manquent un peu de relief, à l’image de "The Day I Broke the Law", ou bien des bancales "Everytime" et "I'm on the Up", nous avons là un album plaisant et surtout harmonieux.
Ironie du sort, Cover Up rencontre peu de succès commercial, ne restant que trois semaines dans le Top 100 britannique. Un résultat très décevant pour le groupe qui surfait jusqu'alors sur le succès.
Il faut dire qu’il est difficile d’extraire LE tube à même de servir de tremplin à cet album très homogène.
Peut-être, le langoureux et chaloupé "Cover Up" avait l’étoffe pour devenir ce porte-drapeau, mais il n’est sorti en single qu’en France. Et ce, au travers d’une version différente de celle présente dans l'album, puisqu'il s'agit d'une collaboration dans laquelle le chanteur NUTTEA intervient en français. Une belle réussite dans laquelle le chant de Ali Campbell se fait particulièrement envoûtant.

Ce très correct Cover Up n'en reste pas moins un disque cruel pour le groupe qui se voit sanctionné commercialement alors qu'il tente visiblement de s'ancrer dans une démarche artistique honnête. C'est malheureusement un résumé (un peu simple, je l'assume) de la carrière de UB40.

Note réelle : 3.5/5