Entre leurs albums de reprises, compilations, versions Dub ou remixées de certains de leurs disques, il n’est pas toujours facile de déterminer le rang d'un album d'UB40. Mais il semble que Promises And Lies soit le dixième 'réel' opus du groupe.

Si la surprise n’est clairement pas au rendez-vous de celui-ci, il en va autrement de la qualité, UB40 proposant en effet là une version assez convaincante de son Reggae mainstream. Aidé en cela par une production claire et précise, et une orchestration tout en finesse, le groupe déroule les compositions avec une apparente facilité. Avec, comme souvent, un ou deux singles imparables qui propulsent l’album au firmament des ventes.
Ici, c’est la reprise du "Can't Help Falling In Love", originellement popularisée par Elvis PRESLEY, qui squatte les ondes des radios européennes et Nord américaines (N° 1 en Angleterre et N° 6 aux USA) et qui booste la diffusion de Promises And Lies. A tel point que celui-ci figure parmi les meilleures ventes d’albums du groupe. Il est à noter que la chanson est intégrée à la B.O du film Sliver qui paraît la même année. On peut considérer que le chaloupé "Bring Me Your Cup" et le plus pêchu "Higher Ground", deux très bons titres, ont également contribué à ce résultat, tant ces morceaux peuvent largement prétendre au statut de single.
Il faut dire que, de manière générale, les compositions sont bien rondes et fluides, dénuées de toute aspérité susceptible de choquer ou de rebuter l’auditeur. C’est fruité et sucré et cela s’écoute aussi facilement qu’agréablement.
Il y a tout de même quelques morceaux qui sortent un peu du lot. A commencer par "Reggae Music" qui transgresse la recette bien huilée et un brin frileuse évoquée ci-dessus, en incorporant un chant agressif et haché. Il en va de même, bien que dans une moindre mesure, du mi-Raga, mi-Dance Hall "It's a Long Long Way" qui adopte des rythmes plus syncopés, donc un style un peu moins fluide. Tout comme le morceau qui ferme le banc, l’insaisissable "Sorry", qui passe d’un univers musical à un autre en alternant les styles de chant.
Mais malgré ces trois chansons, on peut considérer que l’ensemble, pour qualitatif qu’il soit, manque un peu de prise de risque, de saveur. Cela est particulièrement sensible au niveau des parties de batterie/percussion de "Higher Ground", totalement dénuées de toute trace d’humanité, de toute sensibilité. C’est mécanique, d’une régularité mathématique, d’une froideur absolue ! On peut appliquer ce constat également à "Can't Help Falling in Love" ou "Now And Then" qui reposent également sur des percussions métronomiques.
A ce titre, Promises And Lies, qui paraît au milieu de la période de gloire d’UB40, est assez emblématique d’un groupe qui peine à trouver sa voie entre un Reggae plutôt underground et rugueux, et le Reggae tout public qui lui permet d’aligner les hits et d’écouler des tombereaux de disques.

Ce bon disque donc ne parvient pas à s’affranchir ni à se distinguer de la plupart de ses semblables. Un peu l’histoire de UB40.