Après le calamiteux Labour Of Love IV (2010), UB40 continue de traverser une période chaotique. En effet, dès l’année suivante, les cinq membres originaux du groupe, Brian Travers, Astro, Norman Hassan, Jimmy Brown et Ali Campbell (qui ne fait déjà plus partie du groupe) font l’objet d’une procédure de faillite au travers de leur label historique.
L’ambiance au sein du groupe est tellement bonne que quelques semaines après la sortie de Getting Over The Storm, un deuxième membre historique, Astro, quitte UB40 qu’il assimile à un navire sans gouvernail pénalisé par un sérieux manque de communication, tout en regrettant la direction Country Music de certaines de leurs dernières chansons.
Pourtant, Getting Over The Storm est un disque très correct, comme le groupe ne nous en avait pas proposé depuis Labour Of Love II en 1989 ! Soit près d’un quart de siècle de désert artistique. Les mauvaises langues pourraient persifler en faisant un parallèle avec le fait que plus de la moitié des titres présents sur l’album (sept sur treize) sont des reprises. Mais au regard du fait que le très mauvais Labour Of Love IV était lui composé à 100% de reprises, ce serait faire preuve de mauvaise foi. Toujours est-il que, à titre d’exemple, "Midnight Rider" est une reprise de THE ALLMAN BROTHERS BAND, que "On the Other Hand" une reprise de Randy TRAVIS et "Blue Eyes Crying in the Rain" de Willie NELSON, "He'll Have to Go" a été interprété originellement par Jim REEVES, autant de titres illustrant l’orientation un peu Country Music de l’album.
Cette orientation n’est pas si évidente que ça, tant ces titres sont proposés dans des versions très axées Reggae. Il n’y a guère que certaines parties de guitares lointaines de "I'm Pretty Sure That's Just What's Killing Me" (qui ironiquement est une composition du groupe) et "Getting Over the Storm" qui évoquent vaguement des ambiances Country ainsi que l'introduction de "On the Other Hand", ouvertement Country, sur laquelle le chant tranche avec le reste de l'album en se faisant bien plus 'Crooner'.
Pour autant, le groupe se montre bien plus concerné que par le passé. Et même s’il donne toujours dans des rythmes langoureux et gentiment chaloupés, le son est bien plus nerveux et coupant qu’il ne l’a jamais été lors de la décennie précédente. Le chant est également plus habité, plus empreint de passion ("How Will I Get Through This One"). Cela contribue grandement à rendre l’écoute bien moins ennuyeuse que ce à quoi le groupe nous avait habitués ces derniers temps.
"Blue Bilet Doux" possède même un réel charme avec cette voix légèrement caverneuse et cette mélodie envoûtante. De même, la reprise du "If You Ever Have Forever in Mind" de Vince GILL possède un petit charme bien agréable.

Ne nous emballons pas trop, tout de même. Il n’y a rien de bien original ni de renversant. Mais UB40 nous avait tellement habitué à se montrer insipide que ce regain de sérieux et de vigueur est hautement appréciable.
Avec quelques accélérations de rythmes et un peu plus de variété dans les tempi, à l’image de ce qu’ils font sur "How Will I Get Through This One" ou sur "He'll Have to Go", gageons que nous aurions pu avoir là un nouveau classique.
Pas encore un album renversant, mais un retour aux affaires dont il y a lieu de se réjouir et qu’il convient d’encourager.

3.5/5