Contre vents et marées, malgré les changements de line-up, UB40 continue d’avancer et de proposer de 'nouveaux' albums relativement fréquemment.
Si je mets 'nouveaux' entre guillemets, c’est que le groupe a, depuis ses débuts, pris l’habitude d’enregistrer et de commercialiser un nombre important de matériel non original : reprises, nouvelles versions, albums live. Et avec ce UB45 sensé marquer ses quarante-cinq années de carrière, le groupe ne déroge pas à la règle.
En effet, cet album comprend à la fois des morceaux originaux et des reprises de titres que l’on peut trouver sur leurs anciens albums. Se payant même le luxe de reprendre des reprises qu’il a déjà faites !
Ainsi, à titre d’exemple, "Kingston Town" est une reprise de sa propre reprise d’un morceau de LORD CREATOR, que l’on peut trouver initialement sur Labour Of Love II ! Quoiqu’il en soit, comme à son habitude, UB40 n’a pas opté pour le grand changement, le groupe restant fidèle à sa formule qui a fait de lui l’un des plus gros vendeurs de disques de la planète Reggae.
Il est d’ailleurs parfois difficile de différencier les versions présentes sur ce UB45 des versions que UB40 a proposées dans le passé. Ainsi, il est bien ardu de différencier la nouvelle version de "King", de celle que l’on trouve sur son premier album, Signing Off (1988). Et ce, jusqu’à ce que le chant principal ne commence.
Un constat similaire avec le méga-tube "Red Red Wine" dont toute la première partie est une version papier carbone de celle que l’on peut trouver sur Labour Of Love. Il faut attendre la seconde moitié du morceau pour que le chant Ragga de Gilly G permette de différencier les versions, la piste du chant de ce dernier donnant le sentiment d’avoir été ajouté, plaquée, sur les pistes originales.
Puisqu’on parle du chant, celui-ci est partagé par presque tous les membres du groupe, sachant que Gilly G, jusqu’alors considéré comme simple un musicien live (enfin, depuis 2023), semble intégrer le groupe. Il épaule en cela Matt Doyle, le nouveau chanteur officiel de UB40, qu’il a rejoint en 2021, et dont le chant très agréable s’adapte parfaitement au style traditionnel du groupe.
UB45 comprend pas moins de trois extraits de Signing Off, clairement son meilleur album à ce jour. Avec notamment "Tyler" présenté de bien belle manière sous un format tout en douceur, et très agréable.
Par contre, "Food For Thought", troisième extrait du premier album est bien plus dispensable, car n’apportant rien de nouveau. Il en va de même de "Kingston Town", présenté sous un format totalement oubliable et dispensable.
En parallèle à ces 'reprises', le groupe propose de nouveaux morceaux. Enfin, nouveaux si l’on considère que "Hope She'll Be Happier", une reprise de Bill Withers, et "Champion", qui était l'hymne des Jeux du Commonwealth en 2022, sont de nouveaux titres.
Ne soyons pas trop mauvaise langue, nous avons tout de même "Trouble", "Say Nothing", "Gimme Some Kinda Sign" et "Fool Me Once" qui font office de réelles nouveautés. Et force est de constater que ces morceaux tiennent la route, s’inscrivant bien dans le style Reggae débonnaire et paisible cher à UB40. C’est bien mené, cela s’écoute facilement, plutôt avec plaisir. Gilly G apporte une petite touche de modernité avec son chant saccadé, très typé Ragga. Et le groupe est tout en rondeur. Les (légèrement) plus dynamiques "Gimme Some Kinda Sign" et "Champion" font leur petit effet en énergisant un peu le disque. Alors que le langoureux "Hope She'll Be Happier" nous montre la facette 'lover' d’UB40.
[UB45 est finalement un album assez agréable à écouter, bien qu’un peu bancal. Il montre que le groupe peine encore à trouver sa voix et à prendre des risques, mais toujours à même de nous pondre des titres très pro.
Pas à la hauteur d’un disque sensé célébrer ses quarante-cinq années de carrière, mais inespéré au regard de ce qu’il nous a proposé ces deux dernières décennies.