Attention, attention, le Fleetwood Mac évoqué ici, n’est pas le groupe des mid-seventies, archétype d’un rock FM, certes relativement agréable, mais en rien comparable au blues brûlant des origines. Car le Mac était certainement, début 1970, le meilleur groupe de british blues, devant, et je pèse mes mots, John Mayall, le Cream mourrant et le Led Zep naissant et tous les autres.

Ce coffret de 3 disques(disponible également individuellement) documente les concerts donnés à Boston du cinq au sept février 1970. Le groupe joue avec TROIS guitaristes, en effet Danny Kirwan est contacté en 1969 pour renforcer le groupe et prêter main forte aux deux guitaristes maison Jeremy Spencer et Peter Green. La section rythmique (John McVie basse, Mick Fleetwood batterie) a officié avec Peter chez John Mayall ce qui est une sacrée référence. Mais, alors que le line-up laisse présager des prestations de blues «traditionnels» la tournée US dévoile un autre aspect de leur musique, influencée par les drogues et les voyages sous LSD du Grateful Dead.

Il suffit d’écouter les deux longues versions de "Rattlesnake Shake» sur les disques 1 et 2 pour comprendre que le groupe était fabuleux, partant dans des improvisations extraordinaires, mais conservant toujours la trame du blues. Ces moments marqueront à jamais le blues et le blues rock et on retrouvera souvent, mais avec des fortunes diverses, ces longs solos de guitare chez d’autres groupes que la décence m’interdit de citer tant la comparaison serait peu flatteuse pour eux. Ces deux chevauchées constituent le socle des shows mais le reste vaut également le détour comme cette version de "Black Magic Woman" qui fera (et fait encore) les choux gras de Santana mais qui a été composé par Peter Green.

L’arrivée de Danny Kirwan dans le groupe a aussi permis de renouveler le matériel, avec cinq de ses compositions, mais aussi, bien sur, un tribut important est payé aux pionniers du blues et du rock, de Little Richard à Jerry Lee Lewis en passant par l’inévitable Elmore James grand, inspirateur de Green.

Ces trois disques sont une référence majeure, incontournable pour tout amateur de blues, jamais ou très rarement un groupe n’a joué une musique aussi incandescente, avec des improvisations de très grande classe, toujours inspirées, chacun des guitaristes apportant son jeu, son feeling à l’ensemble avec le soutien impeccable d’une rythmique qui tire merveilleusement son épingle du jeu dans ce contexte. La musique explose de mille sons de mille couleurs, c’est une extase d’écouter le final sur le disque 3 avec "Great Balls of Fire", un "Tutti Frutti" et une jam finale ("On We Jam") pour conclure.

Malheureusement, le groupe explose en mai 1970, quelques semaines après ces fabuleux concerts, Peter Green, rongé par les drogues, ne supportant plus le succès du groupe. Mick Fleetwood continuera l’aventure mais c’est une autre musique, une autre formation même si le nom est identique, une autre histoire. Moi, je préfère celle-là.