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NEW-WAVE, COLD WAVE  |  STUDIO

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1979 3 Three Imaginary Boys
1980 4 Seventeen Seconds
1981 2 Faith
1982 3 Pornography
1984 1 The Top
1985 1 The Head On The Door
1987 1 Kiss Me, Kiss Me, Kiss Me
1989 2 Disintegration
1992 1 Wish
1996 1 Wild Mood Swings
2000 1 Bloodflowers
2004 1 The Cure
2008 1 4:13 Dream
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1981 Charlotte Sometimes

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1983 1 Japanese Whispers
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VHS/DVD/BLURAYS

2002 Trilogy
 

- Style + Membre : Siouxsie And The Banshees

The CURE - Seventeen Seconds (1980)
Par RICHARD le 1er Août 2019          Consultée 6318 fois

Avril 1980. Seventeen Seconds, le deuxième album des Anglais, sort et le visage du groupe a déjà profondément changé. Exit Dempsey, le pourtant talentueux bassiste des premiers temps, qui est parti sous la pression très polie de Robert Smith. Il est rapidement remplacé par le pas encore charismatique Simon Gallup et le placide Matthieu Hartley quant à lui arrive aux claviers. C'est bien ces derniers qui vont majoritairement dessiner pour les deux années à venir les contours du son CURE. Les Anglais avec Three Imaginary Boys, leur premier album sorti onze mois plus tôt, ont reçu un accueil favorable aussi bien critique que public. En ayant fait la première partie de SIOUXSIE AND THE BANSHEES dans leur pays, le groupe a suscité une certaine curiosité, curiosité qui s'est transformée ensuite en intérêt grâce à une petite tournée européenne. En allant fin 1979 aux Pays-Bas, Belgique et France (dont un Bataclan), les CURE ont pu faire découvrir de nouveaux titres et surtout semer les graines d'une fidélité entre eux et un public réceptif à leur univers post punk pop qui va bientôt se gorger de spleen et de glace.

En ce début de décennie, l'Angleterre va donc progressivement se draper d'un manteau hivernal. Les tourments et les passions qui nous agitent plus ou moins profondément vont se retrouver au centre de toutes les attentions. Le groupe de Robert Smith va édifier majestueusement avec cet album ouaté et ce en toute discrétion un son et une esthétique. Smith tout au long de sa carrière aura entre autres cette particularité savoureuse et déstabilisante d'être toujours là où on ne l'attend vraiment pas. C'est à cette époque plus un lutin facétieux qui sait vraiment ce qu'il désire que le sosie bouffi d'Elisabeth TAYLOR vivant quelque peu sur ses acquis. En effet, pour cette ode à la tristesse, on s'attendrait à y retrouver les ombres prégnantes et dominantes alors de JOY DIVISION ou de BAUHAUS. Ce serait bien trop facile et évident pour le taquin leader. Si le Low de BOWIE est une influence facilement identifiable comme le souligne "A Reflection", l'instrumental d'ouverture, Smith se plaira à dire que ces dix titres sont le résultat surprenant de la digestion des univers de Nick DRAKE, VAN MORRISON, HENDRIX et du compositeur KHACHATURIAN.

Les Cure sont à cette époque dans une démarche paradoxale. En effet, en 1980, le seul moyen de se créer une base solide de fans, c'est de tourner, encore et encore. Album du repli sur soi, de l'élaboration patiente d'un cocon protecteur, les Anglais n'ont d'autre choix que de s'exposer sans masque chaque soir. Ce sera devant de silencieux fidèles, des punks, des skins avec tout ce que ceci sous entend comme fatigue (Hartley est un gros ronfleur dans le van de tournée), de bagarres (Smith et Gallup descendent souvent de la scène pour jouer des poings), d'alcool, de drogues et de belle amitié. Loin d'être anecdotiques, ces faits soudent le combo et créent à son dépend, jour après jour, une tension extrême qui à un moment ou un autre devra bien ressortir. L'Europe, les Etats-Unis et l'Océanie accueillent avec une ferveur retenue ces quatre banlieusards londoniens lambda qui vont faire de la tristesse le parfait réceptacle des émotions (post) adolescentes. Si Seventeen Seconds tient une place centrale dans l'histoire des CURE et dans celle de la musique plus généralement, c'est que plus que par leurs textes plus ou moins sibyllins,ces dix titres ont crée un climat sonore novateur et unique.

Cet album développe donc avec force l'idée que le minimalisme est l'ami du bien. Smith construit un monde fragile où chaque instrument aussi discret soit-il donne la consistance suffisante, l'ossature autour desquelles s'articuleront les sentiments contrariés du leader. Même s'il a fallu à peine une quinzaine de jours à Smith pour la composer, rien n'a vraiment été laissé au hasard pour cette galette. Lorsque l'on prend le 33 Tours, la face A débute et se clôt par une pièce instrumentale. Seventeen Seconds s'ouvre ainsi sur un morceau comme en équilibre où une timide guitare répond à de lointaines notes de piano. Smith n'a jamais caché son admiration pour BOWIE. "A Reflection" en est un exemple explicite. "Three" qui termine cette première face par son caractère particulièrement anxiogène dessine un univers sinistre où la voix de Smith vient se noyer dans les notes essoufflées d'un piano et aussi se cogner à la frappe métronomique de Tolhurst. Les CURE réussissent dès lors à envelopper l'auditeur dans un état de rêverie inquiétant. Ce n'est pas le menaçant "The Final Sound" et ses deux trois désaccords de piano qui débute l'autre face du disque qui pourra incontestablement nous faire changer d'avis. Les Anglais ont décidé de nous inviter à une balade mélancolique où l'auditeur devra franchir de longs espaces brumeux à l'image de la pochette du disque. Aussi inconfortable soit elle, il sera bien difficile cependant de lui résister.

Smith s'il fait volontiers de ces trente minutes une complainte quasi neurasthénique ne désire pas pour autant nous ennuyer, voire nous assoupir. Quoi de mieux dès lors que d'alterner titres introspectifs et morceaux aux rythmes plus rapides. Les ombres post-punk appuyées par un clavier discret mais essentiel se faufilent au travers de l'amer "Play For Today" (beauté de l'introduction) ou de l'ironique «M» en l'honneur de Mary la compagne du leader. Seventeen Seconds bien qu'extrêmement dépouillé, flirtant parfois même avec la monotonie,réussit cependant la prouesse de capter en permanence l'attention de l'auditeur par la force de ses compositions. Hypnotique, «In Your House» et "At Night" le sont assurément. Le groupe étire au maximum ses notes. Des arpèges cristallins de Smith à sa voix en retrait, de la frappe étouffée de Tolhurst à la basse lancinante de Gallup, des émouvants claviers de Hartley aux paroles passablement obscures, tout concourt à esquisser des peintures sonores terriblement envoûtantes.Ce sentiment atteint évidemment son apogée avec le culte "A Forest", seul single extrait de l'album qui par son intro et outro superbes et glaciales est rapidement devenu un classique. Nous voici avec Smith perdus dans une forêt à la recherche d'une fille fantomatique. Tout ceci est vain, car au final, on se retrouve toujours seul.

Seventeen Seconds présente donc un groupe déjà mature et ce même si ses membres ont à peine vingt ans. L'épure et le minimalisme novateurs ont rapidement fait de ce deuxième opus l'un des éléments fondateurs de la cold wave. Même s'il est foncièrement autarcique et qu'il peut dérouter par cette sensation comme d'inachevé, cet album possède encore et toujours cette irrésistible attractivité. Essentiel.

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   (5 chroniques)



- Robert Smith (chant, guitare)
- Simon Gallup (basse)
- Laurence Tolhurst (batterie)
- Matthieu Hartley (claviers)


1. A Reflection
2. Play For Today
3. Secrets
4. In Your House
5. Three
6. Final Sound
7. A Forest
8. M
9. At Night
10. Seventeen Seconds



             



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