Démasqués, les membres de KISS ! Pour certains, le tournant de la décennie ne fait que mettre en exergue l'attirance maladive pour le succès des quatre New Yorkais, au point de vendre son âme au diable, incarné par la pop-music. Rares sont ceux qui pensent qu'au contraire, cette identité leur collait à la peau bien avant de devenir un des piliers du hard-rock, ainsi qu'ils l'avaient révélé sur certaines chansons de KISS et leurs albums solos de 1978.

Voilà pourquoi Unmasked n'est, fondamentalement, pas un mauvais album. C'est une continuité logique de Dynasty (l'album suivant le sera beaucoup moins !) et de son méga-ultra-tube "I Was Made for Loving You". L'approche n'est pas autant disco en 1980, mais KISS conserve cette formule de groupe rock à paillettes sous la houlette du producteur Vini Poncia.

"Talk to Me" et "Two Sides of the Coin" emploient des guitares et basse furieuses, grâce à Ace Frehley, ce sont les titres les plus proches du son initial du groupe, même si on plonge dans une ambiance "trucker rock", rock d'autoroute américain. "Is That You?" mise sur l'efficacité pop même si le groupe ne l'a pas écrite, et Vini Poncia vient donner un coup de main à Paul Stanley pour "Shandi", écho lointain d'une chanson de Bruce SPRINGSTEEN ("4th of July, Asbury Park (Sandy)") qui s'ancre dans l'esprit soft californien alors très en vogue.

Gene Simmons est plus présent et inspiré que sur le disque précédent ("Naked City", "You're All That I Want"), alors que Peter Criss tire sa révérence, remplacé par Anton Fig sauf dans un clip et sur la pochette ("c'était la fin d'une comète, et pas celle de Frehley", le titre de la meilleure blague de l'année revient à Paul Stanley !). Pour le reste, Unmasked propose des chansons sympathiques mais pas aussi accrocheuses que ce qu'il aurait dû, mis à part "Tomorrow". KISS gagnait à revoir vite son écriture ensuite, quitte à fournir un album OVNI.