La transition est cette fois bien consommée. Si Abacab était très pop, celui-ci montrait pas mal de petites expériences amusantes. L'album sans titre – c'est ainsi que je préfère l'appeler – est bel et bien le premier ouvertement destiné à faire des tubes et remplir des stades. Cela ne veut pas dire que leur musique en devient subitement inintéressante mais bon, il faut bien dire que ce disque présente la face la moins satisfaisante du groupe.

Alors oui, bien sûr, Mama est un tube imparable, qui reste la plage de Genesis la plus connue du grand public. L'introduction inquiétante puis la puissance de l'orchestration sont certes remarquables mais tout ceci est quand même très gros. Le texte est ambigu voire malsain... s'il n'y avait le mot «mama», on pourrait croire qu'il s'adresse plutôt à une fille qui l'attire. En tout cas, après les premiers couplets assez doux, Collins en fait des tonnes. Entendons-nous, je ne le dénigrerai jamais mais cette performance-ci en particulier... vraiment, non.

Heureusement, à l'opposé du spectre, on trouve les «Home by the sea». Cette suite de onze minutes, plus arena rock que progressive, est vraiment jouissive. D'ailleurs, lors de la tournée d'il y a quelques années, c'était clairement le moment le plus réussi, un vrai morceau pour les stades je vous dis. Dans le bon sac, on peut encore mettre «Just a job to do», dont l'ambiance rappelle ...and then there were three... «Illegal alien» est stupide mais cohérente, c'est plutôt une bonne blague en fait.

Le reste est anecdotique... «That's all» est binaire avec un texte simpliste, «Silver rainbow» part d'une bonne idée mais tourne en rond après moins de deux minutes. La ballade «Taking it all too hard» n'est pas leur pire mais elle n'est vraiment pas destinée aux vieux amateurs du groupe. De même, «It's gonna get better» conclut sur une orientation soul un peu inquiétante.

Rempli de mélodies faciles et de paroles n'étant pas à la hauteur de leur réputation, le romantique et peu amusant album sans titre a bien évidemment fait un carton. C'était un bon plan... objectivement, ce n'est pas un mauvais disque, mais j'ai bien du mal à les suivre sur ce terrain. Heureusement, tout en faisant encore plus commercial avec le suivant, ils y ont retrouvé la part de génie qu'ils avaient laissé de côté ici.

Note : 2,5/5