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Charles MINGUS - Charles Mingus With Orchestra (1971)
Par DERWIJES le 10 Décembre 2020          Consultée 1003 fois

Presque cinq ans se sont écoulés depuis le dernier album studio de Charles MINGUS. Une éternité pour celui qui jusque-là pouvait sortir jusqu’à trois albums par an.
Son agenda l’excuse : une tournée en Europe ayant fait le bonheur des bootleggistes et fait aujourd’hui le bonheur des maisons de disques qui peuvent se faire des sous facilement, qui s’est conclue par la mort tragique d’Eric DOLPHY, resté à Berlin alors que le reste du groupe avait repris le chemin de la maison. Le choc a été rude pour MINGUS, très proche de Dolphy avec qui il avait construit une relation musicale symbiotique qui n’était pas sans rappeler –à sa manière-, celle entre Miles DAVIS et John COLTRANE. A cela, s’ajoutent des épisodes de plus en plus fréquents de délires. Sa santé mentale qui se dégradait considérablement pendant un temps lui a valu de multiples problèmes personnels qui culminent avec son expulsion de son propre domicile pour non-paiements de factures. Au milieu de ces années tourmentées, il trouve quand même une oasis où se reposer : sa rencontre avec sa future femme Sue Graham UNGARO, une union officialisée par Allen GINSBERG en personne.

Cette période de vaches maigres se termine en 1971 avec l’arrivée de l'album Charles Mingus with Orchestra. Une drôle de bête, enregistrée au Japon pour un label japonais avec des musiciens japonais et sortie exclusivement au Japon pendant quelques années. Le reste du monde qui ne le découvre qu’en 1987 s’empresse vite de l’oublier. Nous faisons de même. Ce n’est pas une entrée mémorable, même si elle a le mérite d’annoncer ce que MINGUS fera jusqu’à la fin de sa carrière : composer et diriger pour des big bands dans un mélange au petit bonheur entre inspirations classiques, ellingtoniennes et be-bop.
C’est un disque à l’image de sa production : sec, peu inventif mais qui fait l’affaire. Le son est parfois moyen, ça s’entend surtout pendant les moments d’éclats où ça bavouille. Aucun moment de grâce ne vient sauver l’ensemble, mais on y trouve à boire et à manger à condition de ne pas être trop exigeant. Là où le bât blesse, c’est que MINGUS semble complètement désintéressé par ce qui se passe. C’est surprenant venant de lui, c’était quelqu’un qui se donnait toujours à fond dans sa musique, mais pour le coup on a vraiment l’impression qu’il est juste venu pour le chèque. Ce qui est probable. C’est particulièrement audible sur "The Man Who Never Sleeps" qui dispose de bons moments mais souffre d’un gros ventre mou, un problème récurrent de ses albums ultérieurs dans des conditions autrement plus importantes. On ne peut compter que sur "Portrait" pour sauver difficilement les meubles, "O.P." étant trop occupé à s’endormir dans son coin.

Difficile d’être convaincu par ce retour qu'à défaut de mieux on peut appréhender comme un apéritif. Heureusement, il se rattrapera en beauté dès son disque suivant.

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1. The Man Who Never Sleeps
2. Portrait
3. O.p.



             



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