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Charles MINGUS - Mingus Dynasty (1960)
Par DERWIJES le 26 Octobre 2020          Consultée 1089 fois

C'est le plus vieux dilemme, celui qui remonte à Caïn et Abel : comment sortir de l'ombre de son frère ?
Ou, dans le cas de Charles MINGUS en 1960 : que faire après Ah Um, l'album qui le jeta d'une (semi) obscurité à la face du grand public, sous les projecteurs ? Et quand on le regarde avec le recul du Temps, comment le faire sortir du lot quand on est au milieu de l'âge d'or de son auteur qui commence avec Pithecanthropus Erectus et se finit avec Mingus (x5), une période qui comprend entres autres Blues & Roots, Tijuana Moods et The Black Saint and the Sinner Lady ?

Pour commencer, il faut attirer l'attention. La pochette est là pour ça. Elle est colorée et présente un visuel plutôt incongru. Mingus drapé en empereur chinois, vraiment ? L'idée est farfelue mais ne sort pas de nulle part : sa mère était d'origine chinoise. Et en élaborant un peu, on pourrait même se dire que l'origine de son nom de famille proviendrait de la dynastie des Ming (1368-1644), l'avant-dernière grande dynastie chinoise qui sert d'image d'Epinal à la culture antique de son pays puisque c'est pendant leur règne qu'elle y atteint son apogée, notamment grâce à l'écriture des classiques immortels « Les Trois Royaumes », « Au bord de l'eau » et « La Pérégrination vers l'Ouest » (et oui, vos envies de vous transformer en Super Sayan ont de lointaines racines!). Une recherche rapide sur internet semble contredire cette hypothèse, le nom Mingus serait en fait d'origine irlandaise, mais visiblement notre Mingus y croyait.

Maintenant que l'attention de l'auditeur est acquise, il faut la retenir en lui offrant quelque chose de bon à se mettre dans les tympans. Les cages à miel sont exigeantes, ça tombe bien notre ours mal léché de contrebassiste l'est aussi. Il a quelque chose de tout prêt pour l'occasion, quelques enregistrements des sessions de Ah Um qui n'ont pas été retenus. D'ailleurs, Teo MACERO de retour à la production garantit la qualité sonore.
Il y a, comme toujours chez Mingus, du DUKE ELLINGTON dans sa musique avec "Things Ain't What They Used to Be", "Mood Indigo", "Far Wells, Mill Valley" et "Diane". Presque tout l'album en fait. Quatre morceaux excellents dans la plus pure tradition de Mingus, où ça swingue pas mal mais ça vous prend aux tripes comme si vous écoutiez du rock. De plus, il y a "Slop", une lointaine esquisse de "Better Git In My Soul" qui a fini par prendre une vie à elle. Il y a aussi un peu de remplissage, quelques morceaux qui s'écoutent avec plaisir mais que l'on ne retient pas, c'est comme ça, on ne peut pas se souvenir de toutes ses coucheries musicales, que "Put Me In That Dungeon", "New Now Know How" et "Song With Orange" n'y prennent pas ombrage. Enfin, il y a le cas "Gunslinging Bird". L'OVNI de l'album, il y en a un à chaque fois. Son titre original était : "If Charlie Parker Were A Gunslinger, There'd Be A Whole Lot of Dead Copycats", soit dans une traduction Nelson Montfordienne : "Si Charlie Parker était un pistolero, il y aurait un sacré paquet d'imitateurs morts." Celui-là, on peut le mettre dans la catégorie « Charles Mingus est vénère et le fait savoir ». A ce moment-là, tous le petit monde du jazz veut devenir le nouveau Charlie Parker -ce ne sont pas Miles DAVIS et John COLTRANE qui diront le contraire-, et ça avait le don d'énerver Mingus qui n'en pouvait plus que les musiciens avec lesquels il travaillait se forcent à imiter Bird. En tout cas, ce morceau est rapide, furieux, ça claque de partout comme autant de coups de feu et c'est très bien, alors on ne pas chercher à le calmer. De toute façon, qui serait assez courageux pour s'y coller ?

Malgré tout ça, Mingus Dynasty reste un album oublié dans le canon mingusien. Coincé entre des albums plus grands que lui, il ne peut pas échapper à l'ombre de son aîné, n'étant pas aidé en cela par le fait qu'il est construit dans la même veine et avec un ventre creux que Ah Um n'a pas. Mais peu importe, il reste un petit secret d'initié, un statut qui le rend d'autant plus attachant.

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   DERWIJES

 
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- Charlie Mingus (contrebasse)
- Jimmy Knepper (trombone)
- John Handy (alto)
- Booker Ervin (saxophone)
- Roland Hanna (piano)
- Danny Richmond (batterie)
- Benny Golson (saxophone)
- Jerome Richardson (saxophone,flûte)
- Theodore Cohen (vibraphone)
- Dick Williams (trompette)
- John Handy (saxophone)
- Maurice Brown (violoncelle)
- Seymour Barab (violoncelle)
- Don Ellis (trompette)


1. Slop
2. Diane
3. Song With Orange
4. Gunslinging Bird
5. Things Ain't What They Used To Be
6. Far Wells, Mill Valley
7. New Now Know How
8. Mood Indigo
9. Put Me In That Dungeon
10. Strollin



             



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