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- Style + Membre : Eric Dolphy , Duke Ellington , Joni Mitchell
 

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Charles MINGUS - Cornell 1964 (2007)
Par DERWIJES le 8 Février 2021          Consultée 896 fois

Les fans de la version américaine de The Office savent que l’Université Cornell est celle où se vante sans cesse d’être allé Andy. Ce qui n’est peut-être pas la première chose à avancer quand on en parle : membre de l’Ivy League, cette association des plus grandes universités américaines, elle compte parmi ses diplômés des figures diverses telles que Bill NYE, Toni MORRISON, Ruth Bader GINSBURG, le chanteur et fondateur de BAD RELIGION Greg GRAFFIN et même Superman en personne, Christopher REEVES.

Mais le plus grand fait d’arme de ce prestigieux établissement de l’establishment américain est d’avoir accueilli en 1964 Charles MINGUS et son quintet : Eric DOLPHY au saxophone alto, à la flûte et à la clarinette. Johnny COLES à la trompette, Clifford JORDAN au saxophone ténor, Jaki BYARD au piano et Dannie RICHMOND à la batterie.
Une fierté pourtant oubliée mais qui ressurgit grâce à Sue Mingus, sa veuve, qui remit la main sur les enregistrements du concert et convainquit Blue Note de les publier. Non pas qu’elle ait dû avoir du mal à les convaincre, étant donné qu’ils venaient juste de se faire un joli pactole avec des concerts inédits de John COLTRANE et Thelonious MONK la même année, l’occasion de faire un triplé était trop belle pour la laisser passer. Les notes du livret nous apprennent que c’était un enregistrement secret dont même MINGUS n’était pas au courant, alors on peut tout du moins supposer que personne n’y ait plus fait attention car juste après le groupe est parti donner sa fameuse tournée européenne au terme de laquelle Eric Dolphy perdit la vie après une overdose, ayant choisi de rester derrière en Europe. Cette année 1964 est riche en live de MINGUS : The Town Hall Concert, Mingus at Monterey, Right Now, The Great Charles Mingus Concert. Il n’y a qu’à tendre le bras pour se servir, mais pourtant Blue Note livre avec ce Cornell 1964 l’enregistrement qui met tout le monde d’accord : c’est simple, si vous ne deviez choisir qu’un seul live de MINGUS, vous ne pourriez pas vous tromper en choisissant celui-ci.

Vous en aurez pour plus de deux heures de musique, et les amateurs de jam en auront pour leurs frais avec des morceaux dépassant allégrement les trente minutes. Je n’ai pas été tendre avec les derniers albums studios, les accusant notamment d’avoir des improvisations vraiment bof-bof : c’est parce que j’avais cet album-là en tête, qui donne une nouvelle image de ce que MINGUS était capable de faire lorsqu’il était encore entouré de son meilleur groupe. Tous les morceaux présents-ici sont présentés dans leur version définitive : vous pourrez écouter le "Fable of Faubus" de Mingus Ah Um autant que vous voulez, vous ne l’aurez pas écouté tant que vous n’aurez entendu cette version-ci, allongée sur une demi-heure. C’est une fable qui met La Fontaine à l’amende, et tant pis s’il n’y a pas de morale. Everything goes, comme disent nos voisins outre-Atlantique, du bop le plus torride à une citation de CHOPIN au milieu d’un solo, la seule chose qui compte c’est de s’éclater un maximum. Et puis MINGUS en arrière-plan qui torture sa contrebasse. Même lorsqu’elle disparaît derrière les saxophones et la trompette, vous pouvez sentir qu’il est toujours là, tapi, vigilant. Le groupe et son leader me rappellent en cela Frank ZAPPA qui savait très bien donner le change et faire croire que ses concerts étaient une cacophonie improvisée alors qu’il tenait tout le monde en laisse de très près : c’est le même principe, à l’exception que les musiciens se connaissent tellement bien que MINGUS n’avait pas besoin de signaux pour indiquer que faire ensuite.
Ce n’est pas que son et fureur, il y a aussi des accalmies comme "Orange Was the Colour of her Dress, Then Blue Silk" et "AFTW YOU"... Et "Take the « A » Train", bien sûr, Duke ELLINGTON, tout ça tout ça. Puis, il y a le calme plat de "Meditations". Second gros morceau de l’album confiné sur le deuxième CD, celui-là est un morceau de choix qui demande de bien souffler avant de l’attaquer. S’il apparaît énorme et gonflé au premier abord, des écoutes successives en révèlent la sensibilité à fleur de peau, même si c’est vrai qu’il accuse quelques longueurs qui auraient pu être trimées. "Sophisticated Lady" est l’occasion pour MINGUS de s’amuser tout seul dans son coin, et "So Long Eric" laisse le saxophoniste faire ses aurevoir au groupe et au public. C’est un très beau moment, que la connaissance de son sort prochain rend encore plus tragique. « Quel gâchis », se répète-on en boucle alors qu’il met son âme dans son instrument.

Pactole gagné pour Blue Note, pari gagné pour Sue Mingus : l’héritage de Charles est intouchable, mais ça ne fait pas de mal de lui donner un petit coup de polish avec ce genre de sorties.

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   DERWIJES

 
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- Charles Mingus (contrebasse)
- Eric Dolphy (saxophone alto, flûte, clarinette)
- Johnny Coles (trompette)
- Clifford Jordan (saxophone ténor)
- Jaki Byard (piano)
- Dannie Richmond (batterie)


1. Opening
2. Atfw You
3. Sophisticated Lady
4. Fable Of Faubus
5. Orange Was The Colour Of Her Dress, Then Blue Silk
6. Take The 'a' Train
7. Meditations
8. So Long Eric
9. When Irish Eyes Are Smiling
10. Jitterbug Waltz



             



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