Paru en novembre 1974, Miles of Aisles est le premier album live de Joni MITCHELL. Un fait d’autant plus notable qu’elle avait déjà dix ans de carrière derrière elle, et une solide réputation en concert. Etant donné le succès de son gros carton commercial Court & Spark, on peut se demander si l’idée de sortir un live ne viendrait pas des producteurs, afin de faire couler encore un peu la fontaine à sous avant la sortie du prochain disque.

Peu importe au fond puisque ce qui compte c’est que le disque finira disque d’or, même si rétrospectivement, il est bof. Inintéressant, même. Et cela en bonne partie à cause de la production : elle n’est pas terrible. Capturer un concert n’est jamais facile et parfois l’énergie dégagée par le groupe suffit à compenser la mauvaise qualité du son, mais là elle ne fait qu’enfoncer le clou. Le son est distant, en retrait, et il faut bien penser à augmenter le volume pour mieux profiter, mais même comme cela la musique reste tristement plate. Ce qui est aussi un peu normal, certes, puisque nous ne sommes pas dans un concert de hard-rock. Mais c’est trop facile de tout mettre sur le dos de la production. Non, même si ça fait mal au cœur, il faut bien admettre que la performance des artistes est elle aussi au-dessous de nos (mes) attentes. Les morceaux sont joués à l’identique de leur version studio et c’est à peine si on entend le public. Le carcan lyrique empêche certes de trop dévier, mais c’est quand même dommage de ne pas profiter de l’expérience dans le jazz du L.A. EXPRESS pour s’offrir quelques improvisations savoureuses.

Ces problèmes nous ramènent à la sempiternelle question : Qu’est-ce qu’un bon live ? Chacun à sa réponse. Pour ma part, il s’agit quand même d’offrir quelque chose en plus que le studio. De l’énergie, plus de folie, d’amusement, d’intensité. Sinon, c’est sympathique d’écouter "Woodstock", "Big Yellow Taxi", "Blue"… La setlist de ce double-album d’une heure de musique est généreuse, avec un bon compromis entre les morceaux les plus connus et les autres. Le deuxième disque est le plus intéressant grâce à la présence de "Both Sides Now" et des deux inédits "Jericho" et "Love or Money". On a au moins un best-of sympa, à défaut d’un bon live.

Bon, Miles of Aisles étant aussi vide que les rangées de sa pochette, le tour en est vite fait. Tant pis, autant se dire que c’est un petit interlude avant que les choses sérieuses ne reprennent avec le début de sa quadrilogie jazz.