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JAZZ FUSION/FOLK  |  STUDIO

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Joni MITCHELL - Don Juan's Reckless Daughter (1977)
Par DERWIJES le 9 Octobre 2021          Consultée 1287 fois

Avant même son enregistrement, le neuvième album de Joni MITCHELL allait devoir compter sur deux choses : qu’il allait faire suite au fabuleux Hejira et qu’il serait son dernier pour Asylum Records. Deux bonnes raisons de son auteure pour se laisser complètement aller et plonger sans retenue dans le jazz fusion expérimental qui la fascine tant.

Honnêtement, la pochette est rebutante. Le photomontage sur couleur criarde présente trois personnages tous joués par Joni elle-même. C’est bien elle qui fait un Afro-Américain au premier-plan, grimée en blackface pour le personnage qu’elle s’est inventée, un hipster (selon ses mots) nommé Art Nouveau -ne cherchez pas à comprendre, cela vaut mieux. Ce que cette pochette à d’important à nous dire, c’est que la musique qu’elle introduit va être aussi débridée qu’elle, plus proche de l’esprit de Hissing of the Summer Lawns que d’Hejira. Continuons encore un peu les présentations : nous retrouvons la plupart des musiciens d’Hejira, surtout Jaco PASTORIUS, Wayne SHORTER et Peter ERKSINE. Il y a aussi deux morceaux déjà connus, "Jericho" que l’on retrouve sur le live Miles of Aisles, et "Dreamland", qui avait été offerte à l’ami Roger MCGUINN pour son album solo Cardiff Rose de 1976. Joni n’est pas du genre à laisser partir un bon morceau comme ça ! En tout cas, elle en a suffisamment pour remplir son premier double-album studio qui finira disque d’or et se hissera à la vingt-cinquième place du Billboard.

La musique, maintenant. Si celle d’Hejira était aussi géniale, c’est parce qu’elle expérimentait tout en parvenant à rester accessible. Il n’est nul besoin d’un doctorat en musique ou d’une expertise en musique pour réussir à apprécier des perles comme "Coyote" ou "Amelia". Après ce pas en avant, Joni rétrograde avec Don Juan’s Reckless Daughter en revenant à quelque chose de beaucoup plus proche de The Hissing of Summer Lawns, c’est-à-dire une musique toujours expérimentale mais plus inspirée par la world music émergeante qui s’abroge de mélodies et de refrains. Cela créé une ambivalence, un fossé entre le respect qu’inspire cette passion créatrice débridée et la froide réalité que l’ensemble n’est pas à la hauteur, confinant parfois presque à l’arrogance.

Mauvais, Don Juan’s Reckless Daughter ? Non, plutôt décevant. Il se noie dans le bouillon de ses ambitions, entraînant l’auditeur avec lui au fond. Il n’y a pas de meilleur exemple que "Paprika Plains", un mastodonte de seize minutes pendant lesquelles il ne se passe pas grand-chose, alors même que l’on sent que Joni a failli quelque chose avec, mais quoi ? L’inverse est vrai, certaines expérimentations sont plus réussies, comme "Ouverture", assemblage hétéroclite de six guitares jouées simultanément sur des accords différents sur un fond d’effets vocaux. C’est étrange mais ça passe bien, comme l’instrumental latin "Tenth World" construit sur des percussions et des chœurs (Chaka KHAN y donne de la voix). Mais ils restent l’exception, les meilleurs moments de l’album sont les plus simples au final, comme la folk de "Otis and Marlena" qui prouve que l’on ne bat pas un classique, face à "Dreamland", suite moyenne de "Tenth World".

Don Juan’s Reckless Daughter à de quoi diviser l’auditeur. A chacun d’avoir son opinion, la mienne ne cesse d’ailleurs de basculer entre l’émerveillement et l’énervement à chaque nouvelle écoute. Seule constante de l’affaire, le sentiment d’avoir affaire à un double-album qui accuse le principal défaut des double-albums : celui d’être aussi ambitieux qu’inégal.

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   DERWIJES

 
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- Joni Mitchell (guitare, chant, piano)
- Alejandro Acuña (congas, cencerro, chœurs, shaker, sonnailles)
- Airto (surdo)
- Don Alias (bongos, congas, clave et chœurs, caisse claire, ca)
- Manolo Badrena (congas, boîtes de café & chant)
- Larry Carlton (guitare électrique)
- Michel Colombier (piano)
- Glenn Frey (chœurs)
- Michael Gibbs (arrangements, orchestration)
- John Guerin (batterie)
- Chaka Khan (chœurs)
- Jaco Pastorius (basse, bongos, cencerro)
- Wayne Shorter (saxophone soprano)
- J.d. Souther (chœurs)


1. Overture - Cotton Avenue
2. Talk To Me
3. Jericho
4. Paprika Plains
5. Otis And Marlena
6. The Tenth World
7. Dreamland
8. Don Juan's Reckless Daughter
9. Off Night Backstreet
10. The Silky Veils Of Ardor



             



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