On pourrait demander quel intérêt d'écouter un deuxième album de chansons pour enfants par Claude FRANÇOIS quand on sait que le premier ne date que de six ans avant et se suffit à lui-même, d'autant plus que la qualité est en deçà. Enfin, enfants, des petits mais aussi des grands comme le suggère le titre et qui pourraient bien être plus concernés par certaines tournures, même subtiles, comme ce qu'il advient de la grenouille aimée par "Monsieur Crapaud" qui la conduit dans sa chambre, à la fin de la chanson. Eddy Marnay ne va sans doute trop loin que pour les adultes, mais le secret n'est pas révélé. En tout cas, pour ce titre comme pour nombre d'autres sur cet album, Claude FRANÇOIS favorise une country sautillante toute en légèreté, avec banjo, podorythmie...

Rien qu'avec "Sale Bonhomme", adaptée de Johnny CASH et son "Nasty Dan", on y a droit dès le départ, même si ce titre se place à part avec son ambiance live, ses cris de foule. Les Fléchettes sont de la partie, Cloclo raconte une histoire qui plait. "Timoléon", composition originale cette fois par le tandem sacré Gilles Thibaut/Jean Renard, fait le portrait d'un petit garçon avec un seul oeil, sur fond de basse proéminente, de couple piano-célesta, de flûte piccolo et de musique pour majorettes. "La Mouche à la Queue Bleue", co-écriture entre Cloclo et Jean-Michel Rivat, permet au chanteur de se mettre dans la peau d'un valet de ferme qui vide son sac concernant son méchant patron, le vieux Jim. Outre le côté cuivres-country habituel, on apprécie le trop bref enterrement où personne ne vient et où l'orgue d'église est remplacé par une nappe de synthétiseur ARP ou Elka bien d'époque.

L'album semble fait de bric et de broc, conviant tous les arrangeurs de Claude FRANÇOIS au moins pour un titre (Roy, Petit, Donnez, Camison) et se laisse écouter mais sans passion. Avec "La Pipe en Bois", entêtant dans son évocation du grand-père, ritournelle pour danser en rond et taper des mains façon cercle circassien, le chanteur tient à montrer son étiquette la plus populaire. Autre composition avec Pierre Delanoë avec Jean-Pierre Boutayre à la dernière minute, "Nicolas François Dupont" justifie sa légèreté (rime avec "loup-garou" et "Ouagadougou", tout de même) par sa pedal-steel guitare et son efficacité. De même, au rang de reprises sympas, il y a "Fred", portrait d'un chien d'abord petit puis vieux, vu par une de ses puces permanentes, le chanteur imitant le guiro pour les moment de grattage, avec de beaux arrangements de marimba et guitares acoustiques.

Si Cloclo s'essaye à chanter du Woody GUTHRIE ("Mail Myself to You", devenue "Je Vais M'expédier à Ton Adresse"), on retient davantage son hommage à la folk-singer Julie FELIX à travers "Le Zoo de Vincennes" ("Goin' to the Zoo"). En bon interprète qu'il est, après plusieurs description d'animaux traduites par un instrument différent comme dans Pierre et le Loup (trombone pour l'éléphant, guiro pour les singes etc), on apprécie sa manière de simuler un réveil de sieste, aux côtés de Fléchettes délicieusement douces, sur des arpèges de guitares 12 cordes. Que ne fournit-il pas plus de moments de ce genre, plutôt que des chansons 'palapapa' avec cuivres en permanence ? Idem, la berceuse "Dors Petit Homme" est un régal, avec ses images en rêve de Robin des Bois, de chèvre grise etc, dans un style musical très américain et bien arrangé par Jean-Claude Petit.