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VARIÉTÉ FRANÇAISE  |  STUDIO

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- Style : David Christie

Claude FRANÇOIS - Comme D'habitude (1967)
Par MARCO STIVELL le 19 Septembre 2022          Consultée 1264 fois

Durant l'année 1966, Claude FRANÇOIS a non seulement enregistré et fourni de nouveaux tubes, mais il a également marqué les esprits français sur le plan spectacle en s'inspirant d'Ike & Tina TURNER, surtout Ike et ses 'Ikettes'. Le groupe des Fléchettes devient les Claudettes ou Clodettes, choristes souriantes en petite tenue, également formées à la danse pour mieux accompagner Blond numéro 2 (après Johnny) sur scène, à la télé. D'un point de vue hétéro-dinosaure, on ne va pas se mentir, les Clodettes ont constitué une seule bonne raison de 'subir' les chansons de Cloclo, si l'on devait se contenter du minimum ! Cela étant, la formule marche si bien qu'elle demeure (avec le caractère du Patron, les changements nécessaires) pendant une douzaine d'années, jusqu'à la fin.

Le verbe 'subir' mentionné peut avoir ses limites, même en ce qui concerne Claude FRANÇOIS, dont on se rappelle un troisième album méconnu et convaincant. Il y a aussi, en 1967, ce cinquième avec une chanson des plus porteuses ; une de ses, sinon sa plus célèbre jusqu'aux confins du monde habité, particulièrement appréciée par les anglophones. "Comme d'habitude" ne change pas beaucoup de la formule habituelle pour ce qui est de mettre en avant le chanteur avec sa voix aigrelette et accompagné par un orchestre massif de variétés. Déjà de ce côté tout de même, Christian Chevallier et Les Reed sont remplacés par Reg Guest et David Whitaker, qui ont déjà travaillé respectivement avec Eddy MITCHELL et Catherine RIBEIRO.

En fait, si, dès le départ, le changement se fait ressentir, avec un ton ballade, Cloclo présent dès le départ, une mélodie mélancolique et entêtante. Elle est soulignée à merveille par les arrangements de Whitaker, hésitants, en rupture par moments sur un seul couplet, le xylophone renforçant l'esprit de routine joliment décrit. Il ne fait aucun doute que cette chanson est un chef-d'oeuvre. Les paroles co-écrites avec Gilles Thibault saisissent l'auditeur par leur aspect banal et tellement significatif à la fois, notamment pour tant de couples qui ont voulu que 'ça dure, malgré tout'. Le refrain permet au chanteur de s'élever tout comme les choeurs, l'orchestre. La musique qu'il a composée avec Jacques Revaux est somptueuse, entre efficacité et surprise, par sa grandeur dans la linéarité. Les cuivres, la basse en walk, la batterie qui s'emballe, le tapis choral, la ligne vocale persistante, tout est beau !

"Comme d'habitude" est ce qu'on appelle du grand art. Il n'est guère étonnant que cette chanson ait tant marqué les esprits, qu'elle continue de le faire, que les grands interprètes l'aient adoubée, à commencer par Frank SINATRA avec l'aide de Paul ANKA ("My Way"), sans oublier Elvis PRESLEY. Gilles Thibaut et Jacques Revaux feront d'autres perles avec Johnny HALLYDAY, Michel SARDOU etc, mais quand on a écrit une chanson comme celle-ci, on peut déjà considérer de pouvoir mourir tranquille, comme après avoir mené à bien une grande cause. Et non seulement elle ouvre plus que dignement un album meilleur que la moyenne pour l'interprète, mais en plus cela donne un ton assez bienvenu à d'autres titres, même si moins connus.

L'année 67 n'est pas rose pour Claude FRANÇOIS qui divorce au bout de sept ans d'avec sa femme Jane Woollacott, plus proche d'un certain Gilbert BÉCAUD depuis un certain temps, et perd au même moment sa 'très bonne amie' France GALL. Cause à effet ou non, les paroles de ce cinquième 33-tours sont moins orientées amour léger que d'habitude et plus dans un ton d'indépendance mêlé de colère, de revanche. À point nommé, la photo de Jean-Marie Peltier montre l'artiste singeant James Bond, sans même faire appel aux Clodettes pourtant très présentes sur l'enregistrement, mais avec pour fond des couleurs bariolées (c'est le logo du label, Flèche). 1967, le psychédélisme pointe le bout de son nez.

Juste après "Comme d'habitude", on a le débridé "Ce Soir Je Vais Boire" qui illustre bien tous ses critères, un remaniement sympa de "Stasera Mi Butto", tube numéro 1 de l'Italo-Américain ROCKY ROBERTS (celui qui plus tard chantera "Django", remanié par Quentin TARANTINO). Mention spéciale à la basse au médiator, à la double guitare wha-wha et en arpèges bluegrass ! Un peu plus loin, sur "Pourquoi", l'amoureux se sent en cage dans sa routine, et pourtant, là encore, il reste.

"Pardon", quoique inspiré par les MOODY BLUES, n'a rien d'un slow gentillet, avec tant de mordant au sein des paroles faites de culpabilité revancharde ! C'est la même équipe d'écriture que "Comme d'habitude", mis à part que Jean Renard remplace Jacques Revaux, et pour un autre résultat intense. Pour compléter le tableau, l'adaptation du "I Was Made to Love Her" de Stevie WONDER, "Rien rien rien", offre à Claude FRANÇOIS l'occasion de tâcler les filles égoïstes.

C'est un album qui sent bon son époque, entre pop psychédélique à la française et massive dont Blond numéro 1 (Johnny) se fait également très fort en même temps, et aussi quelques moments hippie comme "La Plus Belle Chose du Monde", reprise sensuelle et plus ou moins habile du "Massachussetts" des BEE GEES. Avec un peu de folk-rock comme "L'homme au traîneau", soit "Carrie Ann" des HOLLIES. Le sitar se mêle à l'orchestre sur "Je Veux Chaque Dimanche une Fleur", autre composition totale de Cloclo et Gilles Thibault mais avec Eric CHARDEN cette fois.

"Le Martien" ("Flowers in the Rain" de The MOVE) est très amusante dans l'imagination d'un dialogue futuriste, où le guiro tend à suggérer la voix du visiteur d'ailleurs. Bref, c'est une collection de titres à la fois classe, incisive et bariolée, à l'image de la pochette. La fin de l'album, bien que proposant des titres un peu plus communs, n'en est pas moins chouette avec quelques bons textes ou arrangements.

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   MARCO STIVELL

 
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- Claude François (chant)
- David Whitaker, Reg Guest (arrangements orchestraux)


1. Comme D'habitude
2. Ce Soir Je Vais Boire
3. Je Veux Chaque Dimanche Une Fleur
4. Pourquoi
5. Le Martien
6. La Plus Belle Chose Du Monde
7. Pardon
8. L'homme Au Traîneau
9. Rien Rien Rien
10. Ma Fille
11. Mais Quand Le Matin



             



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