Année chargée pour Claude FRANÇOIS mais pas qu'en bonnes choses, avec le grave accident de la route qu'il a subi au printemps, mais qui ne l'empêche pas de rester pro et de continuer à fournir un deuxième album par an. Parfois, on a l'impression qu'il s'agit de travail un peu à la va-vite, comme dans cette envie du chanteur de reprendre une chanson de reggae ("Le Monde est Grand, les Gens Sont Beaux"), assez isolée pour l'heure mais heureusement réussie dans sa démarche ! Ce qui est certain, c'est que les années 70 amènent un vent d'autre chose, même si cela ne se remarque pas encore.

Encore un disque qui ne contient pas de vrai classique, et pourtant ! Toujours inspiré en parlant des enfants, il écrit avec Jean-Pierre Boutayre le titre "Parce Que Je T'Aime Mon Enfant", avec beaucoup de mots profonds qu'un père peut transmettre à son fils, ballade triste et marquante. Assez, en tout cas, pour attirer l'attention du grand acteur irlandais Richard Harris, improvisé chanteur l'année suivante en 1971, avant qu'Elvis PRESLEY en personne ne lui emboîte le pas en 74 avec son adaptation "My Boy" qui reste dans les mémoires, mieux que toute autre. Même si on n'est pas au niveau de "Comme d'habitude", cela fait une sacrée performance !

L'album proposé est un peu hasardeux dans sa qualité, sa première face n'étant pas franchement notable. En termes de chanson 'pour enfant' mais sans le côté vraiment enfantin, "Vous et Moi" fait la comparaison des âges, mais "Olivier" surtout, ballade acoustique avec flûtes caressantes, s'adresse à un nouveau né avec tendresse et a dû également toucher plus d'un parent. Sans doute la meilleure du premier lot, par rapport à la baroque-pop "Musée de Ma Vie", à l'arrangement bancal de "C'est de l'Eau, C'est du Vent" entre soul-funk pour les refrains et ballade triste pour les couplets. Le texte n'est pas mal, mais les rythmes et ambiances différents s'accordent mal. "Vivre de Soleil", plus loin, en mélangeant quotidien morne de côté et refrains positifs de l'autre, parvient à sonner encore plus lourd.

On note peu de reprises, ce qui constitue un bon point. Deux d'entre elles sont des chansons plus connues, comme "Gentle in My Mind" dont la version de Glen CAMPBELL a marqué les esprits deux ans plus tôt, et qui devient ici "Si Douce à Mon Souvenir". La voix de Cloclo est légère sur un picking de guitare folk-country, avec des cuivres trop prononcés au détriment des cordes rêveuses, chanson bancale mais bonne quand même grâce au texte encore. L'homme se détache de celle qu'il aime, il garde son indépendance mais se dit qu'un jour il reviendra, le message est classique. On reste un peu plus dubitatif sur le travail réalisé pour "Fleur Sauvage", à savoir "Wild World" de Cat STEVENS ! Le message par des conseils de vie à une fille est sympa, l'arrangement orchestral plutôt correct, mais l'ensemble manque de quelque chose.

Après le très bon effort (contre toutes attentes) de reprise reggae, Claude FRANÇOIS réserve le meilleur de son nouveau disque aux trois qui le terminent. En compagnie des Fléchettes, la pop couleur Motown de "Jamais un Amour" constitue un beau moment passionné. Idem pour "Ne Pars Pas", slow de l'été à son crépuscule où le chanteur et les choristes fournissent leur meilleur possible, et qui monte crescendo jusqu'au final splendide avec oiseaux et bruits de mer ajoutés intelligemment. Quant à "Je Danse", c'est l'un des meilleurs titres positifs de Cloclo, avec un shuffle assez irrésistible, des cuivres bien maintenus pour une fois et une harpe franchement excellente ! Pas de quoi rattraper la moyenne globale, mais vraiment, à écouter !