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VARIÉTÉ FRANÇAISE  |  STUDIO

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Claude FRANÇOIS - Le Vagabond - Cette Annee-la (1976)
Par MARCO STIVELL le 16 Décembre 2023          Consultée 452 fois

On dirait une figure biblique ; vous savez, comme ces enluminures où Jésus et ses apôtres sont représentés avec leur tête entourée d'un cercle d'une pareille couleur, mais ici à la sauce yéyé. Certes, depuis lesdites années dorées, le visage de Claude FRANÇOIS a quelque peu changé, mais il a su les maintenir, lui et son personnage artistique, au sommet. On voit en lui une usine à tubes mais même si ses albums ont bien marché, pas mal de chansons sont passées sous silence, et c'est encore le cas sur ce nouvel album, malgré 'le' tube qui relance tout grâce cette partie de sa carrière, en fait la dernière.

De plus, cet album est l'un de ses plus diversifiés, sans pour autant sonner trop collection de chansons. Chose assez difficile à expliquer, même si on sait par exemple que la période Motown du début des années 70 de Claude FRANÇOIS est désormais loin derrière. Tout juste un peu de soul mélangée au rock sur "Il Ne T'Aime Pas", reprise du tube "He Don't Love You" de Jerry BUTLER (co-écrit en partie avec Curtis MAYFIELD). Cloclo fait tout pour dissuader celle qu'il aime de continuer d'en écouter un autre, avec la confiance en soi qu'on lui connaît, et les Fléchettes pour l'épauler.

À ce titre, l'un des deux seuls de l'album à n'être pas arrangé par le directeur musical Jean-Claude Petit reste "Ma Meilleure Amie", une déclaration enflammée qui porte bien son nom, en hommage à celle pour qui le chanteur arrive à se poser des limites. Très belle chanson aux tournures Vline Buggy (retour bref et isolé) sur l'ange gardien au féminin, au demeurant. Le chef d'orchestre, en mode country, guitares slide etc n'est autre que Slim Pezin, collaborateur de futures grandes stars de variété. L'autre chanson sans mister Petit, "C'est le Reggae", empruntée à Paul NICHOLAS (JESUS CHRIST SUPERSTAR), ressemble plus à un sketch qu'autre chose, à un tango surtout au départ. Et au-delà de la kitschitude, solo de sax et 'hommage' à BEETHOVEN compris, entendre Cloclo clamer que c'est le reggae qui fait 'danser sa vie', malgré des Fléchettes admirables en roue libre, c'est un peu fort de café.

"Danse Ma Vie" justement, un gros slow réussi sur les moments de mal-être dans la vie (seul le monologue est un peu 'too much'), passe judicieusement en tant que face B du premier single, "Le Vagabond". Adaptation du tube de l'artiste hollandaise Conny VANDENBOS, cette petite perle d'ouverture reprend un peu le ton du "Mal Aimé" (1974), avec cordes, rythmique typiquement mid-70's, choristes suaves, délicieuses, et une complainte sur l'air du gars qui ne se sent jamais chez lui, qu'il vaut mieux ne jamais aimer. Un nouveau joli coup que Cloclo doit à Eddy Marnay.

Mais au rayon des choses inhabituelles pour lui, on rencontre "Mandy", alias "Brandy", premier tube de l'Américain Barry MANILOW, peut-être l'une des rares (la seule ?) chanson où Cloclo ne parle pas de lui ni ne renvoie jamais rien à lui. À la place, et selon la volonté d'un certain Didier BARBELIVIEN aux paroles, un portrait de jeune fille de province, très seule, poignante avec du hautbois et une résonance épique, du plus bel effet. De même pour "Dimanche Après-Midi", où au contraire la solitude est un bienfait pour notre narrateur, remis d'une séparation sans doute. Toujours un régal, ce picking folk à la guitare.

On passe vraiment du coq à l'âne entre ça et "Laisse une Chance à Notre Amour" soit "Now Is the Time" écrite par Biddu (Hindou britannique grand spécialiste du disco) pour JIMMY JAMES & THE VAGABONDS, avec déjà des choristes qui font les 'tututututu' en fond. Curieusement, cette chanson d'un disco plutôt 'lourd' (entrée en fanfare de Cloclo en la matière) s'enchaîne à merveille grâce à sa thématique de paroles avec celle qui la précède, "Quelquefois", savoureux duo avec Martine CLEMENCEAU. Une chanteuse à la très jolie voix qui contrebalance à merveille la chevrotante que l'on connaît et ponctue à merveille cette ballade country à laquelle, outre l'intéressé dans l'écriture, Vline Buggy et Jean-Pierre Boutayre ont largement contribué. Un vrai duo où chacun veut s'évader de son quotidien, et ce shuffle pour le refrain, miam, tout comme la 'chute'. Un succès d'été, que CLEMENCEAU elle-même seule parviendra à dépasser.

On arrive cependant au vrai tube, l'un des plus gros de la carrière de Claude FRANÇOIS qui en compte beaucoup, mais celui-là serait l'un des cinq doigts de la main la plus importante. "Cette Année-Là" a la particularité pour le moins judicieuse de terminer un disque de Cloclo. Elle est d'abord le hit le plus marquant de la carrière des FOUR SEASONS, boys-band qui a déjà connu pas mal de turpitudes, alors qu'elle est à peine marquée par la voix de son chanteur à la voix unique, Frankie VALLI. Si vous ne l'avez pas fait, courez donc voir Jersey Boys (2014), l'un des films de Clint Eastwood parmi les meilleurs de ses (oui, les siennes) vingt-trente dernières années, et l'un de ses plus injustement sous-estimés, alors qu'il étonne en passant du ton Scorsese à la moulinette comédie musicale/biopic, loin de son jazz chéri, dédié aux FOUR SEASONS. "December 1963 (Oh What a Night)" en est la musique emblématique pour les génériques, surtout à la fin, et même si l'on n'aime pas cette pop sucrée, difficile même pour un Christopher Walken à l'air éternellement toxico-placide, de résister à l'envie de taper des mains, de danser.

Un morceau pop où le couplet est également le refrain, à la ligne de piano syncopée, brillante, enjouée et porteuse, coup de génie de Bob Gaudio, le rebelle du groupe. Claude FRANÇOIS, bien aidé par Eddy Marnay, réussit l'exploit de jouer la carte nostalgie, remontant à ses débuts à succès, et les images juvéniles, tout en rendant le tout moins adolescent qu'à l'origine. Bien que "December 1963 (Oh What a Night)" soit déjà ("aaah") un incontournable planétaire, la version de Cloclo est plus 'forte', bien que descendue d'un ton, car sans falsetto et au contraire plus uni question vocaux. Sa pop sautillante fonctionne mieux jamais grâce à la batterie seule en intro, la grosse basse, au gros piano, aux Fléchettes, aux cordes, aux synthés, aux références directes à "Belles Belles Belles" & co mais aussi aux BEATLES, à West Side Story etc. De quoi réunir yéyés et hippies, flatter les souvenirs de ce qui semble alors une époque déjà lointaine. Festif, diablement efficace, "Cette Année-Là" fourmille de détails dont un musicien peut se délecter, ma préférence outre les instruments 'leaders' (exception faite des dialogues de saxophones conclusifs quand l'idole plus toute jeune crie "c'était l'année 62 !") allant à la caisse claire plutôt martiale audible tout le long. Tout comme le chanteur souriant et remuant à juste titre, Jean-Claude Petit s'est surpassé, et cela vaut par rapport la VO également. Un incontournable, et un français.

Nota benêt : pour rester poli et courtois, nous évoquerons seulement l'existence de versions futures pour "Cette Année-Là" qui marqueront plus ou moins leurs époques moins propices aux enrichissements musicaux, d'abord par un certain YANNICK ('an-han, an-han, à gauche, à droite...') puis un encore plus certain M POKORA.

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   MARCO STIVELL

 
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1. Le Vagabond
2. Ma Meilleure Amie
3. C'est Le Reggae
4. Je Cherche Toujours Demain
5. Il Ne T'aime Pas
6. Danse Ma Vie
7. Quelquefois (avec Martine Clémenceau)
8. Laisse Une Chance à Notre Amour
9. Mandy
10. Dimanche Après-midi
11. Savoir Ne Rien Savoir
12. Cette Année-là



             



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