Claude FRANÇOIS et l'Italie, on le sait depuis à peu près le début de ses succès, c'est une grande histoire : plusieurs de ses singles ont été édités uniquement avec des traductions et la langue chantée adéquates uniquement pour plaire au marché transalpin.

Le 33-tours Claude François Chante en Italien, publié entre deux 'vrais' albums au cours de l'année 1969, a tout de l'objet promotionnel fait de bric et de broc. Pourtant, il est compté comme jalon de la discographie officielle et principale, sans que l'on sache trop pourquoi, mis à part son envie de vouloir mettre les Fléchettes, désormais Clodettes, en avant. Et même, sans Cloclo !

C'est que la sélection demeure étonnante et, on peut le dire, intéressante. Pour commencer, les plus grands tubes de Blond n°2 ne sont pas franchement représentés, à l'exception de "Comme d'habitude", par ailleurs la seule vraiment dispensable. En effet, sur "Come Sempre", malgré une mélodie qui s'adapte fort bien à la langue de VERDI, on sent dès le départ que tout, jusque dans la voix, est un peu trop forcé.

"Sulle Labbra, Nel Cuore" ("Avec la Tête, Avec le Coeur"), romance orientale avec cuivres forts et clavecin, fournit un effort honorable nonobstant un début un peu gênant à cause d'un Cloclo chevrotant ; ensuite, ça s'arrange. "Sono Qualcuno" ("Cherche") sonne un peu mieux et même par rapport à sa version d'origine en fait ! "Même si Tu Revenais", bon titre d'un album méconnu, devient "Se Torni Tu", avec un refrain qui fait bien s'accorder la flûte piccolo et la langue italienne.

En dehors de l'élégant "...E la Musica Suonava" ("Un Monde de Musique") et de l'excellent "Eloise" aux arrangements dantesques, on a droit à une ou deux surprises, comme "Ma Se Vuoi", autrement dit "Aussi Loin", face B du single hors-album "Jacques à Dit" publié en 1968. Une valse sucrée, à point pour la langue choisie. "Prendi Prendi", ensuite, donne un ton encore plus maléfique à "Serre-Moi, Griffe-Moi", chanson psychédélique de bravoure restée dans les mémoires pour avoir ouvert les concerts de 69 dont l'Olympia devenu disque live. Cloclo n'est pas tant en reste sur Johnny, des fois ! Enfin "Il Fuoco", titre inédit et écrit spécialement en italien de base, est un titre de pop-soul sixties de plus, juste sympa.

En revanche, cet épithète convient fort bien aux deux titres chantés par les Clodettes, "L'Uscio" et "Dondolo". Du bon bubblegum au féminin avec des harmonies et de la sensualité, de la légèreté, de l'italien, du fun, des saxophones en avant etc. Avec un peu plus de travail et un meilleur mixage des voix, cela aurait bien mérité un album à part. Mais, à l'époque, Claude FRANÇOIS croit davantage en sa protégée Annie PHILIPPE, et même si elles chantent, les Clodettes resteront d'abord ses danseuses, voilà !

Disons que par rapport à d'autres efforts du même genre (Johnny, puisqu'on en parlait), ce n'est pas si mal. Le 33-Tours est réédité beaucoup plus tard en CD, et en version intégrale, avec tous les titres de Cloclo en italien, puisqu'ici ce n'est qu'une sélection (déjà bien suffisante).