Ce disque-là, c'est un peu l'effort supplémentaire et superflu, mais pas seulement parce qu'il ne contient pas de grand tube à une époque où Claude FRANÇOIS les enchaîne. Bien que parcouru de bonnes idées, on ne peut décemment pas y adjoindre celle d'avoir repris des titres des albums précédents pour meubler. Jean-Pierre Boutayre, parolier habituel, occupe ici le fauteuil du producteur (assez tardivement alors qu'il l'a déjà fait plusieurs fois pour Eddy MITCHELL) mais parvient difficilement à donner quelconque solidité à cette deuxième oeuvre de 1973 pour notre Blond n°2. L'album propose une photo relativement sobre, mais dont le verso fait mal aux yeux avec les titres de chansons passés aux couleurs flashy.

Inutile donc de s'attarder sur "Il N'y a Que l'Amour Qui Rende Heureux", "Mon Mensonge et Ma Vérité" déjà entendus sur Le Lundi au Soleil quelques mois plus tôt, et encore certaines éditions reprennent également deux titres de l'album d'encore avant ("Je Chante Pour les Gens Qui S'aiment" et "Pourvu Que Je Me Souvienne du Soleil"). De quoi enlever déjà une part de l'intérêt global, si bonnes soient-elles.

Niveau Motown, quand il ne tape pas dans les SUPREMES (notre ami frénétique a beau être plus-que-chaud lapin, on parle bien de répertoire artistique), Cloclo s'en remet aux FOUR TOPS, ici avec leur "I Can't Help Myself" devenu "L'amour C'est Comme Ça" qui, malgré une dynamique certaine et plaisante, brille surtout par la participation, ô combien sensuelle, des Fléchettes. Pour le reste, l'album, au moins, ne force pas trop sur le côté bougeotte de mister FRANÇOIS qui, au contraire, se concentre sur une forme de profondeur bienvenue.

Un des meilleurs titres nouveaux est "Gens Qui Pleurent, Gens Qui Rient" par ces mesdames Alice Dona et Michèle Vendôme qui constituent un duo d'auteures décidément très inspirées, sans oublier les arrangements de Jean-Claude Petit. Outre le chant appuyé de Cloclo et des piano-cordes à l'avenant, il y a un effet promenade urbaine imprégnée d'un effet gracieux souligné par la guitare électrique. Aussitôt après et avec autant de bonheur, miss Vendôme adapte le récent hit "Summer Breeze" du duo rock US SEALS & CROFTS en "De la Peine Pas de Chagrin", sur l'après-séparation, thème cher au chanteur, sur un beau fond west-coast. Et quelle intro étrange mais tout aussi superbe, avec ces arpèges de guitare classique et ce sax soprano en balade !

À côté de cela, dans les douceurs, on retient aisément "Sur Ton Visage un Sourire", slow de l'été au camping des Flots Bleus entre départ et positivisme dans le texte, au départ un tube de Paul ANKA ("Puppy Love"), juste retour de balle après la vague "My Way"/"Comme d'habitude" à défaut du même succès. Cloclo y chante avec une belle mesure, et de nouveau, les Fléchettes sont impériales. En revanche, bien qu'agréable dans sa tendresse, "J'ai Retrouvé Ma Liberté" sonne un peu trop proche de "Qui Saura" par Mike BRANT (certes, emprunté lui-même aux RICCHI & POVERI) qui cartonne depuis un an.

Malgré les Fléchettes, malgré des couplets brumeux, des tapis de cordes soignées, des harpes et piano roulants couplés, qui démontrent tout le savoir-faire du chef Petit, "À Part Ça la Vie Est Belle" ("By the Devil (I Was Tempted)" des talentueux Anglais BLUE MINK), "Je T'embrasse", "Je Viens Dîner Ce Soir" se fondent trop dans la country lente, sautillante et relâchée dans laquelle puise Cloclo pour ses tubes, avec cette différence de faire moins mouche qu'à l'accoutumée. Dommage pour les paroles bien tournées de la troisième, sur une volonté de nouveau rapprochement amoureux. Rien de grave, on s'en doute, notre ami est sur le point de vite se rattraper.