On avait presque perdu l'habitude d'un album de Claude FRANÇOIS sans ritournelle conjuguée à la phrase marquante, du moins au-delà de l'année concernée. 1975 voit la publication de trois disques, et tous dans le même cas. Le premier, Toi et Moi Contre le Monde Entier, s'accompagne d'un énième portrait un rien terne, il faut le dire. Dans l'équipe habituelle, on retrouve toujours les paroliers Jean-Pierre Boutayre, Eddy Marnay ainsi que Jean-Michel Rivat, à tour de rôle, tandis que Jean-Claude Petit et Raymond Donnez se partagent les orchestrations.

Rien de nouveau sous le soleil, sinon un disque qui, pour prendre le contrepied du précédent voire de tant d'autres, ne parle pas ou alors peu des femmes en bien. Nouvelle recrudescence de reprises avec plus d'une moitié d'album concernée : "I'm Leaving It All Up to You" (1957, déjà deux fois dans les tops US avec les versions de DALE & GRACE en 63 et Donny & Marie OSMOND en 74) adapté en "Il Ne Me Reste Qu'à Partir", "Six Days on the Road" de Dave DUDLEY en "Six Jours Sur la Route", "Reggae Tune" de Jimmy CLIFF en "Où S'en Aller", "I'll Be Around" des SPINNERS devenu "Soudain Il Ne Reste Qu'une Chanson", "Who Do You Think You Are?" des Anglais CANDLEWICK GREEN en "On Est Qui On Est Quoi", enfin "Another Saturday Night" (Sam COOKE en 63, puis CAT STEVENS en 74) en "La Vie d'un Homme".

Entre la chanson de séparation très sixties dans l'âme telles "Il Ne Me Reste qu'à Partir", "Un Petit Peu D'Amour" dans le même thème mais plutôt 'gros son' soul-rock orchestral, pas grand-chose à se mettre sous la dent, ça s'écoute. Cloclo mène mieux sa barque, ne serait-ce que vocalement parlant, sur "Soudain Il Ne Reste Qu'une Chanson" au savoureux timbre west-coast, avec une basse goulue et un orgue très présent. Une des chansons les plus 'gentilles' encers les filles (quoique plus nerveuse sur la fin) dans un univers de création-production musicale, avec les délicieuses Fléchetttes pour couronner le tout. On les retrouve pour "Six Jours Sur la Route", évoquant la vie des tournées, la proximité avec le public, sur fond de rock sudiste un rien passe-partout ; heureusement et hélas, les belles choristes surgissent lors d'un pont bien trop court.

Puis, notre Blond n°2 décide de jouer deux fois la carte reggae, non sans réussite, avec "La Vie d'un Homme" (corde sensible du célibataire qui a besoin d'une fille) et "Où S'en Aller" au texte plus conscient voire écolo, ponctué d'images d'oiseaux des îles. Au rayon nouveauté, il ne faut pas oublier "Toi Et Moi Contre le Monde Entier", qui veut poursuivre la profondeur du "Mal Aimé" un an plus tôt et en introduction, mais sous forme de dialogue narratif avec un fils, lui aussi blond. Une ballade country-folk au refrain efficace, avec un refrain tango, un doux célesta en ouverture, des mandolines et guitares avec chorus, miam.

En milieu d'album, le titre qui sonne un peu comme les tubes de début 70's est "Joue Quelque Chose de Simple" où les cuivres répondent au chanteur, mais dans un ensemble bien écrit et ficelé. De même, "On Est Qui, On Est Quoi" révèle une progression mélodique avenante. En revanche, "Le Chanteur Malheureux" amène Cloclo dans ses pensées à celle qu'il regrette et qui a sans doute refait sa vie, mais de façon bavarde, où les couplets surpassent les refrains. Quant au "Spectacle Est Terminé", malgré sa mélodie en lydien ('diabolus') et sa double partition, malgré son nouveau parallèle amour-musique, c'est le cas typique de chanson aventureuse qui tombe à plat, l'orchestre voulant se rapprocher de "Comme d'Habitude" maladroitement.

Note réelle : 2,5