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Claude FRANÇOIS - Je Vais à Rio (1977)
Par MARCO STIVELL le 19 Décembre 2023          Consultée 486 fois

M'enfin, quelle est donc cette lubie qui pousse à occuper le cadre, l'objectif de l'appareil photo dans son entièreté, au point de bloquer la vue de ce qui semble un paysage de rêve derrière, au vu des couleurs ? Bon ok, derrière, il sont deux à le faire, et si ça se trouve, c'est le coucher de soleil pris du haut de la butte Montmartre, donc déjà un peu moins exotique, mais tout de même. En tout cas, cette année 1977 démarre fort pour Claude FRANÇOIS, qui ne saura jamais que c'est la dernière de sa carrière, de sa vie. Pour revenir à la tradition et prendre le contrepied de l'album précédent, on a un tube imparable placé non plus à la fin mais au début.

"Je Vais à Rio" est un emprunt ("I Go to Rio") à Peter ALLEN, chanteur et producteur australien divorcé depuis peu de la diva américaine Liza MINNELLI. Si Eddy Marnay ne prêche guère par originalité, comme tout bon traducteur au moins il sait y faire pour transmettre l'esprit du texte de départ en trouvant les bons mots. Terriblement efficace, ce titre reprend même l'intro au piano 'saloon' porteur plaqué en quelques accords simples et syncopés. La basse et la rythmique suivent, avec les choeurs très féminins, nous balançant un groove coloré lorgnant vers le disco sans trop s'y attarder.

Tout ce qu'il faut à Cloclo comme rampe de lancement pour son énergie, sa verve séductrice enjouée, et donc (lui) montrer (à 'elle') combien, subitement, il aime Rio de Janeiro, ses plages et son carnaval. À la fin du titre, il s'autorise même les 'toutoutoulou tou' imitant les percussions, que tout bon Français moyen s'autorise pour parler (intelligemment) de la musique brésilienne quand il fait mine de la connaître. Ce n'est même pas qu'on pardonne, c'est juste que ça s'insère plutôt bien dans une nouvelle reprise d'un tube qui sonne meilleure que l'original, moins kitsch aussi, avec le recul (si si). Le rythme a été légèrement accéléré, la présence des choeurs 'woooh' dès le départ, l'ambiance chaleureuse est nettement plus complète que dans la version d'ALLEN, grâce en partie à ces descentes de cuivres fort bien pensées. C'est encore une sacrée partition d'orchestre signée Jean-Claude Petit, qui dynamise ce titre en flamboyance et lui permet de moins s'éparpiller.

Hélas, avec un titre aussi fort et bariolé placé en proue, on était en droit d'attendre quelque chose du même acabit, ou disons pas loin, sur l'ensemble du disque, mais ce n'est pas le cas. Au moins, le milieu des années 70 pour Claude FRANÇOIS est témoin d'une volonté intéressante, celle de ne pas verser totalement dans le disco très en vogue (mais ça ne saurait tarder), de ne pas mettre des cuivres partout de manière forcée comme cela pouvait être le cas, par le passé. Le chanteur, en resserrant son équipe avec les années (Petit pour seul arrangeur, les adaptations et nouveaux textes revenant à Marnay ou bien Vline Buggy et Jean-Pierre Boutayre en tandem) donne l'impression de mieux aller directement à ce qu'il veut.

Après le tube donc, on a "Toi et le Soleil", reprise du standard américain de 1972, "I Can See Clearly Now" de Johnny NASH (bien avant la version qu'en fera Jimmy CLIFF donc), un de ces tubes pop brillants, ici présenté avec fraîcheur dans une ambiance soft-pop reggae, cuivres discrets mais envolée de cordes, accordéon rudimentaire. Cloclo y chante son optimisme sur la vie à deux, après toute une période de nuages, de quoi faire son effet. On retrouve ensuite de cette chaleur à travers le son velouté et le piano Fender Rhodes de "Quand Je Chanterai une Chanson d'Amour" ("Everytime I Sing a Love Song", par John DAVIDSON et Glen CAMPBELL l'année précédente), slow langoureux où, pour la énième fois, il regrette de l'avoir quittée.

En dehors du tube, la chanson qui retient le mieux l'attention sur ce disque est "Every Face Tells a Story" d'Olivia NEWTON-JOHN, devenue "Chaque Visage Dit une Histoire", avec une excellente interprétation des sentiments par Cloclo, une progression vraiment plaisante et un arrangement des plus soignés. Bien sûr, il y a l'autre succès en duo avec sa nouvelle (et ultime) compagne Kathalyn Jones, mannequin de Los Angeles, qui se nomme "C'est Comme Ça Que l'on S'est Aimé", tout dans la légèreté jazzy et le dialogue d'une soirée arrosée, accent américain inclus pour elle... Très populaire et accessible, très léché musicalement, mais d'un point de vue qualitatif, on garde (beaucoup) mieux le duo mixte de l'album précédent.

"Statues Without Hearts" des GATLIN BROTHERS, "Statues Sans Coeur" ici, ou ce que l'on devient si l'on fuit l'amour, est un nouveau slow épique plutôt bien pensé, de même que "Enfin", composition originale au ton chaloupé avec basse proéminente, où Cloclo dit être libéré de son désarroi post-séparation. S'il tient de nouveau à marquer la musique de son timbre de voix chevrotant avec visibilité, le synthétiseur lui répond intelligemment. Les autres titres versent dans le trop classique (y compris la dernière où il redevient petit garçon pour la première fois depuis longtemps), par opposition au titre d'ouverture encore une fois, même si l'on retient éventuellement "Comme une Chanson Triste", sautillante au contraire de ce qu'on nous annonce, bien garnie à sa manière. Un disque qui commençait fort mais qui s'écoute de manière un peu bancale.

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   MARCO STIVELL

 
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1. Je Vais à Rio
2. Toi Et Le Soleil
3. Enfin
4. Quand Je Chanterai Une Chanson D'amour
5. Drame Entre Deux Amours
6. C'est Comme Ça Que L'on S'est Aimé
7. Comme Une Chanson Triste
8. Chaque Visage Dit Une Histoire
9. Statues Sans Coeur
10. Les Roses Les Anges Et La Pluie



             



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