Alors oui, on peut avoir envie de rire, comme si l'on savait déjà à quoi s'attendre. Un peu à la manière de l'album en italien, quand bien même le sang transalpin coule dans les veines de Cloclo. En revanche, l'Angleterre, c'est déjà moins évident, à part les cheveux et le look à la rigueur. C'est juste qu'on s'est fait à l'idée d'un chanteur si franco-français que toute possibilité de l'entendre dans une autre langue, celle de Shakespeare, ne flatte pas trop la crédulité ni ne semble à prendre trop au sérieux.

His Hits in English, publié par EMI Records s'il vous plait, porte bien son nom, même s'il est ouvert par un inédit. "So Near And Yet So Far" est une collaboration entre auteurs anglais et, justement, italiens, dont un certain Toto CUTUGNO qui signe la composition. Il y a le recours à la pop sautillante chère à Claude FRANÇOIS, les 'cha cha cha' des Fléchettes au cours de beaux couplets. Mais, chose amusante, cette chanson fera le chemin inverse et connaîtra sa version en français, quelques mois plus tard.

L'album reprend donc les tentatives de tubes en anglais qui ont été jugées les meilleures. "Le Lundi au Soleil" devient "Monday Morning Again", au refrain plus climatesque ; "Y a le Printemps Qui Chante (Viens à la Maison)" devient "Go Where the Sun is Brighter" avec un refrain qui montre combien la traduction peut être un art, pas dans un seul sens. Par contre, naturellement, "My Way" ("Comme d'habitude") reste "My Way" selon les bons soins de Paul ANKA et sous la forme la plus connue. FRANÇOIS n'est pas SINATRA, mais on ne peut pas lui reprocher de défendre 'sa' chanson, quand bien même celle-ci a pris une tournure plus country, dansante.

En revanche, et avec tout le respect qu'on peut avoir pour l'accent français qui s'adapte laborieusement à l'anglais, même en connaissant toute la bienveillance sincère du peuple outre-Manche et Atlantique, il y a aussi parfois de la caricature et Claude FRANÇOIS en est une belle. Sur les deux tubes positifs susmentionnés, l'accent est vraiment 'too much'. Sur "You Are", autrement dit "Une Chanson Française", autant le refrain va bien car plus droit, autant sinon, euh ? Que sont donc ces intonations, voyons... On avait dit anglais, Cloclo, pas allemand !

Idem de "Love Will Call the Tune" ("Chanson Populaire"), un peu japonais sur le pré-refrain, mais qui présente une autre traduction du plus bel effet. En revanche, sur "Crying in His Heart"/"Avec la Tête, Avec le Coeur", le chanteur ne fournit aucun effort, soit celui d'être franchouillard au maximum, quitte à être caricatural. Sur "Remember When" ("En Souvenir"), il articule vraiment mal les prénoms. À l'inverse, tout en restant lui-même, il donne beaucoup de personnalité nouvelle au "Vagabond", à "My Boy"/"Parce Que Je T'aime Mon Enfant" ou encore à "My World of Music" ("Un Monde de Musique"), sans doute dans la moitié meilleure de l'opus pour chacune des trois.

L'écoute de ce disque est donc d'un intérêt très limité, à moins d'un regard de fan. Il y a même quelques rares moments qui attirent l'oreille mais pas de quoi le ressortir trop souvent. Il aurait pu y en avoir de similaires par la suite, sauf que pour Cloclo, cette sacrée fatalité fait qu'une fin très prématurée arrive de manière imminente. La vie est bien étrange.