Après ses trois premiers albums, Chris REA reste peu connu du grand public bien que le genre qu’il pratique est très en vogue. Alors, il tente d’assumer le trip beau bosse en s’appliquant à travailler son look en ce début de décennie des superficielles eighties. Et il faut savoir qu’il assure pas mal comme ceci notre Chris. La gratte est absente, mais avec cet air de romantique désabusé, Chris a une chance d’attirer l’attention du public féminin. Le talent évident de notre chanteur guitariste ne peut que trouver une issue favorable auprès du grand public. Quand on dispose d’un pareil organe vocal, on chante l’amour et on le fait bien. Il s’agit du quatrième album du fils de Rea, le glacier de M’Borough, et Chris est dans l’année de ses trente ans.

Bien entendu, à l’orée de ma chère décennie, tout se passe à coups de singles vendus et de places dans les billboards. Chris le sait et balance deux chansons pour monter dans les charts et devenir un artiste bankable, c’est la condition pour réussir dans ce difficile métier. Nous débutons par "Loving You", qui sonne très classique de son art. On y entend le son si identifiable de Pinky sur des solos de belle allure. Le titre n’a pas une carrière phénoménale dans les charts, mais intègre la 88ème place aux USA, c’est de bon augure. Le second est une des chansons préférées de ma maman, immense fan de Chris devant l’Eternel, il s’agit de "Every Beat Of My Heart". Certes, un petit côté kitsch s’en détache, mais l’ensemble reste très agréable.

Certaines compositions sont d’une simplicité biblique. Il en va ainsi de "If You Choose To Go", mais Chris a toujours la science du refrain qui parvient systématiquement à sauver les chansons de l’anonymat. L’aspect AOR de "Do You Still Dream" lui donne une identité vraiment passéiste, mais on apprécie le bridge et l’ensemble a une bonne tête, ça sonne DIRE STRAITS. Ah pour sûr, l’orchestration aux claviers pompiers et à la boite à rythme monolithique de "Goodbye Little Columbus" fera sourire les réfractaires du genre. Les aspects de blue eyed soul de "One Sweet Tender Touch" n’échapperont à personne, toujours un peu de kitsch, mais Chris sait écrire et parler d’amour, n’est-il pas ? C’est un piano sentimental qui conduit "When You Know Your Love Has Died", propice à un refrain soul de jolie tenue et de jolis choeurs féminins.

Les tics de Chris sont plus que jamais présents sur "Just Want To Be With You", qui rappelle aussi certains passages du "Just Like A Woman" de Bob DYLAN. C’est ça, les influences, et celle-ci n’a rien de honteux. Mais qu’est-ce donc, je me suis planté et c’est Angus Young qui est dans le coin à riffer comme un âne sur "Guitar Street" ? Ah non diantre c’est bien la voix de Chris. D’un autre côté, Brian Johnson, la voix d’AC/DC, à l’époque, est un voisin de Chris et ils écumaient les mêmes bars de Newcastle et de Middlesborough dans les seventies, c’est cool non ? "Do It For Your Love" pourra vous faire penser à la future "Josephine" dont est tiré le lick de guitare. Le refrain vraiment daté me laisse quelque peu perplexe. Enfin,"Runaway" présente une jolie mélodie à laquelle se mêlent des interventions à la slide et à la guitare acoustique, Chris aime brouiller les pistes.

Notre Chrissounet préféré améliore et parfait son art à chaque sortie d’album. Le travail du look a son importance en ces eighties si axées sur le paraître, alors Chris tente sa chance. Je me souviens fort bien de lui à cette époque, encore très juvénile malgré sa trentaine. Je ne retiens guère que les singles de cet album, même s’il me parle pour des raisons personnelles plus que réellement artistiques. Je parviens néanmoins à poser un trois équilibré sur cette nouvelle livraison de chris REA, le futur king of smooth.