Nous y sommes. Après avoir joué les blaireaux un rien beaufs puis les pseudos playboys d'opérette, Chris REA en est déjà à son septième album. Il est temps désormais de casser la baraque en assumant le seul statut qui lui convienne, celui du "Family man", comme vous allez le constater, c'est ce qui va marcher. Il n'y a rien de plus éloigné que la famille au niveau du statut des rock stars mais c'est là qu'est toute la vie de Chris, mec simple et sans beaucoup de froufrous. Du coup, l'album de l'accession à la reconnaissance internationale le voit aborder les sujets de sa ville natale, de sa femme et de sa fille.

Sa ville ? Middlesbrough, anciennement connue comme "Ironpolis" la ville de l'acier traversé par la rivière Tees, la"Steel river" du premier morceau, qui est magnifiquement interprété et orchestré. Nous y sommes! Le velouté de la voix de Chris rencontre enfin le smooth d'une section rythmique plus cool tu meurs... Oui, nous y sommes, et l'ode dédiée à la "Boro" d'aujourd'hui est une incontestable réussite. Dans la même lignée, "Chisel Hill" est une des collines de son enfance, on y découvre un Chris sentimental en diable.

Sa femme ? On la découvre dans "Stainsby girls", dans cette faculté ou Joan passa de nombreuses années d'étudiante et rencontra son grand amour de jeunesse, belle histoire qui finit bien. Touchante et pleine de complicité, la mélodie est fort jolie et se transforme sur le bridge en un rock de belle facture proche des grands succès des DIRE STRAITS. Le titre sera le premier single de l'album.

Sa fille ? Il fallait bien que cela arrive, je n'allais pas vous tenir en haleine jusqu'ici pour des nèfles. Si Mr REA est devenu une superstar, il le doit en premier lieu à cette petite chansonnette toute mignonne dédiée à sa fille "Josephine" à laquelle il envoie tout simplement "tout son amour". C'est beau, simple et direct. Le titre va atteindre les premières places des billboards US et anglais, c'est la consécration pour l'artiste, pour lui, plus rien ne sera comme avant.

Avec "All summer long", Chris se détache de ses anciens avatars de pêcheurs sous la grisaille et choisit l'été comme pygmalion... Un choix judicieux qui le mènera aux mégas succès que seront "Looking for the summer" ou "On the beach". Ce titre n'est certes pas encore au niveau, mais il tient de belles promesses et propose un fort joli solo de guitare. "Stone" évoque ensuite les paysages des grands espaces américains, la Camelback mountain" proche de Phoenix en Arizona exactement. Chris y développe sa science des ambiances crépusculaires à la "Bagdad café".

"Shamrock diaries" nous conforte dans l'idée que c'est gagné, le son est léger comme une aube, les instruments effleurent la mélodie et soutiennent à peine la voix graveleuse. Le refrain est une vraie petite tuerie. "Love turn to lies" est un poil dramatique à mon goût, mais reste d'une belle qualité. La jolie ligne de piano de "Hired guns" pourra vous rappeler "Unchained melody" des RIGHTEOUS BROTHERS mais le quasi spoken word effectué par Chris soutenu par un synthé et une slide le font vraiment. Magnifique !

Le premier album vraiment réussi de Chris REA. Il mérite un 4 étoiles consistant. La présence du méga tube "Josephine" vaut a elle seule le détour, mais c'est surtout sur cet album que l'artiste du Nord de l'Angleterre découvre le "son" qui va le suivre jusqu'à aujourd'hui, celui qui a fait son succès.