Quelques mois après la sortie d’Abacab, le groupe fait paraître ce mini-album. Comme à l'époque de Spot the Pigeon, il n’y a que trois chansons, dont une plus longue. Et la comparaison s'arrête là. C'est amusant d'ailleurs, les morceaux de Duke formant une suite avaient été placés plus ou moins séparément sur le disque en question car le groupe craignait la comparaison facile avec "Supper's Ready". Alors qu'ici, il n'éprouve aucun regret et nous propose un genre de calque (en termes de structure) de Spot the Pigeon, avec les deux pop-songs en face A et le morceau plus "prog" en face B.

On constate d’abord que toutes les trois ont gardé le son si caractéristique d’Abacab. "Me And Virgil" en particulier est empreint de cette marque quasi-expérimentale (même si "Who Dunnit ?" n'était pas quasi, lui), le disque et cet E.P possèdent vraiment une ambiance inédite par rapport à tous les autres opus du groupe - ils ont même testé ici la pochette pastiche des BEATLES et c'est la première fois qu'ils mettent une photo d'eux en couverture. En tant que grand amateur d'Abacab, on ne peut que se réjouir d'avance à l'idée d'en 'manger' un peu plus.

La première chanson, "Paperlate" (mot scandé par les vendeurs de journaux dans la rue), est comme une petite sœur de "No Reply at All", en grande partie à cause des cuivres, et là aussi la comparaison s'arrête vite. Plus lente mais également joyeuse, elle est devenue un petit hit à l’époque. En tout cas, il n’y a plus de doute sur le fait que Tony et Mike ont aimé l’escapade de Phil en solo, pour avoir invité ces mêmes cuivres deux fois. En fait, c'est Tony qui avait dépêché les deux autres pour trouver une idée d'arrangement 'original' pour "No Reply at All". Du coup, pour "Paperlate", la surprise n'est plus de mise. Ce n’est complètement pas de la faute de ces cuivres (qui sont bien ceux de EARTH, WIND & FIRE et de l'album de Phil), mais "Paperlate" reste l'une des chansons les moins réussies de GENESIS.

De même "Me and Virgil", le morceau 'progressif' du disque. La première partie chantée est plutôt sympa, notamment les Ooh Pa you broke her heart..., le refrain on va dire. La partie instrumentale aussi, mais l’ensemble n'est clairement pas très abouti. En fait, ce morceau peut paraître tout à fait spécial, mais rappelons que c’est une caractéristique de la période Abacab ! "Me and Virgil" est juste agréable, mais franchement pas digne de figurer en bonne place dans les annales des morceaux longs de GENESIS.

En revanche et heureusement, "You Might Recall" est un excellent titre pop qui vient relever l'intérêt de cet E.P. Il est basé sur une structure couplets-refrains, avec deux mélodies qui reviennent souvent, mais Phil en particulier y met un bon grain de voix, et c’est un régal à chaque fois. C'est sans conteste l'une des meilleures chansons et l'un des morceaux pop les plus efficaces de l'époque Abacab, aux côtés de "No Reply at All", "Abacab" (version courte) et "Man on the Corner".

C’était tout de même une bonne idée que de faire profiter le public de ces chansons, même si d’autres morceaux plus intéressants n’ont pas subi le même traitement, ou du moins pas au même moment : il y avait l'instrumental "Naminanu" et le très beau "Submarine". Tout comme Spot the Pigeon, l'ensemble de 3x3, bien que disponible dans la version CD US de Three Sides Live, sera amputé d'une chanson ("Me and Virgil") sur le second coffret d'Archive qui avait soi-disant pour mission de rassembler tous les inédits de la période 1976-1992 (on ne parlera pas de l'éviction totale de Calling All Stations). Une fois encore, il a fallu attendre les coffrets des disques remasterisés à la fin de la première décennie 2000.

Note réelle : 2,5, arrondi à 3 pour "You Might Recall".