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FLEETWOOD MAC - Peter Green's Fleetwood Mac (1968)
Par MARCO STIVELL le 10 Avril 2014          Consultée 8236 fois

PREAMBULE - Se lancer dans l'analyse de l'oeuvre de FLEETWOOD MAC est loin d'être chose aisée pour qui l'apprécie dans son ensemble (suivez mon regard). Par exemple, entre les deux albums ô combien différents et auquel le groupe donne son nom, les notes peuvent être semblables, mais pas pour les mêmes raisons. Cette confession s'arrête ici, ne gâchons pas le suspense...

Pour l'heure, nous sommes au coeur de l'année 1967. Depuis un an, le guitariste Peter Green officie comme successeur d'Eric Clapton au sein des Bluesbreakers de John Mayall, jeunes ambassadeurs du blues anglais. Très remarqué sur leur troisième album A Hard Road (“The Stumble” !), Green quitte cependant la bande à Mayall et prend l'initiative de monter son propre groupe. Sa place de guitariste, il la partage avec Jeremy Spencer. Mick Fleetwood, entré chez les Bluesbreakers quelques semaines avant grâce à son vieux complice Peter Green, suit ce dernier naturellement. Pour le bassiste, c'est plus difficile : John McVie a un emploi stable au sein des Bluesbreakers et hésite encore à rejoindre Green. Celui-ci tient néanmoins à ce qu'il constitue sa section rythmique favorite en compagnie de Fleetwood, et engage un bassiste temporaire, Bob Brunning. Un mois plus tard, durant le Windsor Jazz and Blues Festival, McVie rejoint le jeune groupe définitivement.

FLEETWOOD MAC décroche un contrat avec le label Blue Horizons et enregistre son premier album en automne 1967, le producteur étant Mike Vernon (The Bluesbreakers, mais aussi Clapton, Bowie, Ten Years After...). La réalisation est tout ce qu'il y a de plus spontané, au point de conserver les moments précédents le début des chansons, les déclamations, rires, décomptes... Le son, pris directement sur la console, demeure fort appréciable malgré une batterie parfois sous-mixée et une guitare slide légèrement trop en avant. L'équilibre permis grâce à la répartition des éléments rythmiques sur les canaux stéréo renforce la cohésion du trio Fleetwood-McVie-Green, celui-ci apparaissant d'ores et déjà comme l'élément “brillant” du quatuor.

Sans aucune fioriture, ce premier disque se place en hommage aux grands noms du blues urbain, celui de Chicago, et en priorité à Elmore James dont on trouve deux reprises ici. Mais ce musicien complice de Robert Johnson et Muddy Waters est originaire du Delta et certaines chansons proposent un détour par cette ambiance dépouillée, comme “The World Keep on Turning” joué par Green seul au dobro, ou alors “Hellhound on my Trail” au piano et qui met Jeremy Spencer en valeur. Spencer qui, on le voit, est souvent absent des morceaux de Peter Green. Son timbre vocal adolescent et le reste de son identité musicale -notamment sa tendance rockabilly pastiche- le confineront jusqu'à son départ du groupe en 1970 à figurer comme le membre le plus détaché de FLEETWOOD MAC. Malgré cela, son jeu slide furieux demeure l'un des éléments clés du premier opus blues/blues-rock et participe à cette “décontraction” voulue jusque dans les choix des thèmes chantés (l'amour, le sexe).

Green quant à lui préfère l'économie de jeu, privilégie le lyrisme, les bends et caresses sur sa Les Paul, tout ce qui lui donne ses lettres de noblesse pour les amateurs de cette première période. Harmoniciste modéré, chanteur au timbre nasillard mais doux, il se fait particulièrement remarquable sur “Merry Go Round” et surtout le magique “I Loved Another Woman”. Fleetwood et McVie, bien qu'encore jeunes, constituent déjà le parfait équilibre entre “players” et empreinte indéfectible, non-virtuoses mais polyvalents et criants d'efficacité. Logiquement, les cymbales sont de la fête. Côté basse, et contrairement à Bob Brunning qui n'a de toute façon eu que très peu de temps pour s'exprimer (on peut l'entendre sur “Long Grey Mare”), John McVie trouve vite sa place, s'affranchit de la guitare mélodiquement parlant. La décision toute légère de Peter Green consistant à joindre le nom du batteur et du bassiste pour en faire celui du groupe subsistera tel un contrat magique que les deux hommes ne rompront jamais, contre vents et marées...

Le mot “classique” s'emploie ici au singulier, puisque cet album ne comporte aucune réelle chanson mémorable ; il se pose plutôt en réussite, d'un niveau fort honorable pour un groupe naissant et grimpera à la 4ème place des charts britanniques. Seule “I Loved Another Woman” sort du lot, annonce même le single subséquent, un certain titre appelé “Black Magic Woman”...

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   MARCO STIVELL

 
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- Peter Green (chant, guitare, harmonica)
- Jeremy Spencer (chant, guitare, piano)
- John Mc Vie (basse)
- Mick Fleetwood (batterie)
- Bob Brunning (basse)


1. My Heart Beat Like A Hammer
2. Merry Go Round
3. Long Grey Mare
4. Hellhound On My Trail
5. Shake Your Moneymaker
6. Looking For Somebody
7. No Place To Go
8. My Baby’s Good To Me
9. I Loved Another Woman
10. Cold Black Night
11. The World Keep On
12. Got To Move
13. You’re So Evil (bonus)
14. I’m Coming Home To Stay (bonus)



             



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