L’album Genesis est une des perles de la période Phil Collins. Il n’est sans doute pas aussi excentrique que Peter Gabriel, mais il montre ici toute la truculence dont il est capable.
Et tout d’abord avec "Mama", en vieil ado hanté par sa mère, la voix a des aspects diaboliques. Certaines des chansons sont clairement là pour tenter le hit commercial : tels "That’s all", et "Illegal Alien" qui a l’avantage d’être amusant, avec l’accent vaguement mexicain que prend Phil Collins, pour illustrer le flot d’immigrés qui tentent leur chance en Amérique.

En revanche, bien que les longues fresques instrumentales soient loin derrière, il n’en reste pas moins quelques jolis morceaux de bravoure (et ce sur chaque album de l’ère post-Gabriel) : "Home By the Sea" suivi de "Second Home by the Sea" commence par un morceau chanté avec force, tels des personnages pris au piège pour l’éternité. Après quelques instants de flottement, la batterie infernale donne le rythme à une très belle partie de clavier de Tony Banks, le tout d’une intensité incroyable, avec un final à la guitare de belle facture.

"Takin’ it all too Hard" est simplement une jolie ballade nous permettant de souffler avant de replonger dans la série noire de "Just a Job To Do", très intense, à la batterie omniprésente. Cela pourrait être la musique d’un feuilleton thriller. On penserait aisément à Miami Vice qui a d’ailleurs utilisé une chanson de Phil Collins dans sa bande-son.

"Silver Rainbow" lance un début céleste, à la mélodie bizarre, comme jouée à l'envers. On a l’impression d'être passé de l’autre côté du miroir, dans un monde monochrome où tout est inversé. La batterie est toujours très puissante, comme un galop dans des contrées inconnues.
Enfin, l’album nous quitte sur la note d’espoir de "It’s Gonna Get Better". Ils veulent y croire plus qu’ils n’y croient vraiment, avec musique planante et mélodies qui s’envolent grâce à la voix si spéciale de Phil Collins : les choses iront mieux, et c’est maintenant qu’il faut commencer. Ils disaient ça en 1983, je ne suis pas sûre que cela ait réellement commencé, même vingt ans plus tard.

Cet album reste pour moi l’album de référence de l’ère Phil Collins, une sorte de renouveau, même s’ils ont fait de très bonnes choses par la suite et bien que Phil ait déjà auparavant montré qu’il méritait sa place au lead vocal. J’en garde sans doute un souvenir particulier car c’est avec celui-là que je suis entrée complètement dans l’univers Genesien.